Lion d’or pour la danse à Saburo Teshigawara

Lion d’or pour la danse à Saburo Teshigawara

4 mars 2022 Non Par Paul Rassat

Lion Awards 2022 pour la danse

 « Le Lion d’or pour l’ensemble de sa carrière est décerné au chorégraphe et danseur Saburo Teshigawara. Le chorégraphe et danseur japonais, peintre, sculpteur et designer a créé une nouvelle esthétique avec sa qualité de mouvement très personnelle… Les sensibilités sculpturales très élaborées de Teshigawara, son sens puissant de la forme chorégraphique et son langage de danse individualiste se mélangent pour créer un monde unique qui n’appartient qu’à lui. Sa pratique couvre une gamme large et toujours croissante de disciplines allant de la performance théâtrale en direct aux arts visuels, films/vidéos ainsi que la conception de scénographie, d’éclairage et de costumes pour toutes ses performances. C’est sa capacité à construire des écosystèmes artistiques entiers qui le distingue de la plupart de ses pairs ainsi que son insatiable courage de désapprendre » écrit  Wayne McGregor

L’esprit Saburo

Saburo Teshigawara était passé à Annecy il y a quelques années. Voici, en substance, ce qu’il avait déclaré lors d’une rencontre avec le public.

La danse relie le corps et l’esprit

La danse permet de voir comment je touche mes pensées. Elle pose la question du réel. Votre nature, votre corps est ce qui permet de vous chercher vous-même. Je peux exprimer toute pensée par mon corps au lieu de la formuler. Nous sommes la nature. Nos cultures sont différentes mais ce que nous partageons est la nature. Votre nature, votre corps est ce qui permet de vous chercher vous-même. Vivre, c’est être, devenir jeune, d’où l’importance de la respiration ; c’est plus simple qu’une religion, qu’une spiritualité, l’air irrigue mon esprit, mon cerveau.

Dessin de Saburo Teshigawara

L’incertitude nourricière

Ce qui m’intéresse est ce qui est incertain. La clarté vient de cette incertitude qui est la caractéristique de la vie. Dans la vie quotidienne, il y a une chose simple, c’est de perdre son chemin. C’est la première chose que je fais quand je découvre une ville nouvelle. Je suis fait de dix personnes, je ne suis pas un. Je suis un ballon sous pression, parfois trop, si bien que parfois ça explose. De toute façon « trop » est mieux que « pas assez ».

Petrouchka // Teshigawara

Saburo Teshigawara donnera la première mondiale de sa réinvention de Petrouchka au 16ème Festival International de Danse Contemporaine (22 // 31 juillet) à Venise.

Photos Akihito Abe ou M. Caselli

Extraits d’une rencontre passée avec Richard Castelli

Richard Castelli dirige l’agence Epidemic . « Mon principe ?, dit-t-il, produire des artistes avec lesquels j’ai plaisir à travailler. Epidemic ? Pour l’invasion et en référence au film de Lars Von Trier. »

Richard Castelli travaille dans la durée, la notion de fidélité lui est importante. Les affinités artistiques sont indispensables mais la dimension humaine est essentielle. Il ne s’agit pas simplement de présenter des artistes mais de travailler avec des gens uniques, totalement différents, comme Robert Lepage, Saburo Teshigawara.

Exigence et pertinence

Ça vous rend de plus en plus exigeant ?

Tout à fait. Ce qui peut même poser problème.

Vous avez vos critères, mais arrive-t-il que des artistes vous sollicitent ?

Il y a des artistes avec lesquels j’ai envie de travailler mais je préfère attendre qu’ils aient, eux, envie de travailler avec moi. Il  s’agit d’avoir l’assurance d’une relation équilibrée qui puisse donner de bons résultats. Cette approche peut prendre du temps. 6 ou 7 ans avec Saburo. Il faut que je me sente utile, que j’apporte vraiment quelque chose. »

Richard Castelli et les artistes qu’il produit prennent plaisir à jouer avec les frontières géographiques, artistiques, esthétiques. Dans l’entretien qu’il nous avait accordé, Robert Lepage confirmait « …quand j’arrive à une frontière, qu’il faut remplir un visa et qu’on me demande mon occupation, je ne sais jamais quoi répondre. Je peux dire acteur, metteur en scène, réalisateur… »