Migrations

Chez les baleines, les grandes migrations se font en suivant le calendrier de l’évent.

(Photo : migration linguistique sur une petite embarcation).

Migration politique

Chez les politiques, la migration n’existe pas. Le politique incarne tellement la politique que les deux mots se confondent. La personne devient la chose, ils sont indissociables.  Le politique ne peut donc migrer puisque partout où il se trouve se trouve incarnée la politique, quelle qu’elle soit. Le politique a beau bouger, il demeure le centre vivant de toute politique. Presque malgré lui. Edgar Faure, à qui on reprochait sa versatilité, répondait : «  Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent. »

Vous avez été président, ministre ? Le titre vous reste, à vie.

Migrations en légion

Reste la question de la Légion d’Honneur. Le cas Depardieu divise la France à ce sujet. Une légion d’honneur peut-elle migrer et revenir à un point du temps où elle n’aurait pas encore été remise ? Nous serions apparemment à un doigt de ce processus d’honneur avec Depardieu.

Les ornithologues du capital

L’argent lui aussi effectue de grandes migrations. Il suit les grands chemins qui mènent aux paradis fiscaux et autres oasis dorées. Les mouvements de l’argent sont originaux. Contrairement au sort réservé aux humains, les pays qu’il quitte regrettent son départ, ceux qui le reçoivent applaudissent, même discrètement, son arrivée. Les circuits de l’argent échappent la plupart du temps aux ornithologues du capital.

Liquidation pour migration

Les idées migrent elles aussi. Elles suivent en cela deux circuits qui s’entrecroisent traditionnellement. Comme Christophe Colomb s’ennuyait ferme, il a décidé de voyager. Par erreur, il a découvert un nouveau continent qui nous inonde d’idées nouvelles. Sa technologie, sa nourriture, sa culture, sa langue, son mode de pensée émigrent chez nous en permanence. Ils se combinent avec notre insatiable besoin de mode. C’est un peu comme si nous soldions en permanence. Liquidons nos stocks de pensée, d’analyses, de modes et de modes de vie. Faisons de la place pour l’immigration permanente et, celle-ci, envahissante. Vous reprendrez bien un peu de fast thinking  avec votre fast food ?

Migrations du faux au vrai et inversement

Comment terminer sans évoquer les migrations d’identité au théâtre ? Chez Marivaux, chez Rostand, Shakespeare… Le faux révèle le vrai, le migrant ne migre que par rapport au sédentaire, qui n’est sédentaire que parce qu’il y a des migrants. L’élu ne siège que parce que d’autres sont debout. Joli prénom féminin.

« Si la France n’était pas ce qu’elle est, les Français seraient des étrangers. » écrivait Pierre Dac.