Monsieur Penone, chapeau !
12 juin 2022Troisième visite à l’exposition Penone. J’y entends parler d’Essere fiume. Le temps d’Être fleuve. Ici, à Annecy, il semble qu’il s’agisse du temps d’être soi. Du parcours d’une vie humaine en lien, en relation avec la matière du monde. Être la pierre et la montagne, le caillou et le marbre. La pierre et la chambre claire révélatrice. Lacis de racines aériennes érigées en arbre. Renversement, correspondances. Boîtes crâniennes feuillues. Nous sommes végétaux : l’arbre, la racine, la trace. Lacis de racines. « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? » Réseaux de capillaires. Insectes. Bras-arbre. Feuilles à lire, à relier. Être fleuve comme ce personnage de Giono devenu l’eau de la rivière. Chapeau, Monsieur Penone!
Invention poétique
L’homme crâne. Il croit lire le monde. C’est le monde qui le lit, le lie, le relie, le libère. Nous pensons utiliser la langue, ce sont les mots qui nous utilisent pour exister. Ils portent la charge de l’Histoire qui nous traverse. C’est aux interstices, aux points de rencontre que se crée le sens. Il y est poésie. Puis, répétition, il se fige en simulacre.
Poésie, mestro!
La poésie est cette tentative toujours renouvelée d’échapper à la répétition, de trouver les points de rencontre entre le monde et soi, soi et les autres, soi et soi. Des points toujours changeants, ouvrant sans cesse de nouvelles perspectives que l’on n’avait pas encore vues bien qu’elles soient déjà là.
Merci pour la poésie, Monsieur Penone.