« Soixante printemps en hiver »

« Soixante printemps en hiver »

11 juin 2022 Non Par Paul Rassat

Cet album dû à De Jongh et Chabbert paraît de façon très pertinente chez AIRE LIBRE. L’oxymore constitué par le titre dynamite l’univers tissé d’habitudes, de conventions, d’images qu’on se donne et qu’on nous donne. Soixante printemps en hiver exprime le désir de liberté, d’être soi.

Annidversaire

Quoi de plus conventionnel que fêter un anniversaire ? Avec mari, enfants…Partition écrite depuis longtemps, réchauffée. À l’inverse de cette pesanteur :

« De la musique avant toute chose

Et pour cela préfère l’impair

Plus vague et plus soluble dans l’air,

Sans rien en lui qui pèse ou qui pose…

Rien de plus cher que la chanson grise

Où l’Indécis au Précis se joint…

Ô la nuance…

Que ton vers soit la bonne aventure… »

La vie comme une aventure

On nous bassine à nous proposer de vivre de plus en plus d’expériences, dans le but de nous les vendre. C’est que l’on confond à dessein la véritable expérience qui est la connaissance acquise par la pratique avec l’instant qui permet de l’acquérir. Vivre le moment, l’instant ! Et passer de moment en moment sans fond. Cette « immersion » à la mode se transforme en submersion sous le poids des conventions ou du kitsch. Elle est le contraire de l’autodidactisme qui invente sa vie.

Interroger, s’interroger, fuir le kitsch

Soixante printemps en hiver entre en écho avec L’insoutenable légèreté de l’être de Kundera. À propos de ce roman Wikipedia analyse la notion de kitsch.

« On trouve une critique du kitsch qui est « la station de correspondance entre l’être et l’oubli …Kundera le définit comme un voile de pudeur que l’on jette sur la merde de ce monde. Il est utilisé par toutes les grandes idéologies, il existe le « kitsch catholique, protestant, juif, communiste, fasciste, démocratique, féministe, européen, américain, national, international…Le contraire du kitsch se définit par le doute : « Au royaume du kitsch totalitaire, les réponses sont données à l’avance et excluent toute question nouvelle. Il en découle que le véritable adversaire du kitsch totalitaire, c’est l’homme qui interroge »

Se libérer

La liberté, ce n’est pas tout avoir, tout faire mais essentiellement se défaire des liens qui nous empêchent d’expérimenter, de vivre, d’être autodidacte de sa vie.

Vendredi ou la vie sauvage

Se souvenir de ce roman de Michel Tournier. Robinson a passé plus de vingt ans sur son île. Un bateau y accoste. Lui parviennent alors les bruits du monde : guerres, esclavage. Le héros se demande à quoi il ressemblera de retour en Angleterre. À un vieillard ? À un grand père pris dans les conventions familiales, sociales ? Il préfère demeurer sur son île. Josy, l’héroïne de Soixante printemps en hiver invente son île.