Myriam Mechita joue avec le feu

«  De la couleur avant toute chose » aurait écrit Verlaine. Des crachats rouges, des larmes vertes, des rires pourpres et « L’or de tes doigts m’a fait creuser jusqu’au bleu » lui répond Myriam Mechita.

Myriam Mechita, Talpa l’a rencontrée pour son exposition à la Fondation Salomon. Du feu qui coule en lave dans les veines et en art. Sauvage et domestiqué. Fougueux et tendre. Talpa en est désormais convaincu, les vrais personnages, les démarches vraies transcendent les oppositions apparentes, les contradictions de l’histoire et de l’Histoire. Myriam répond au feu de la guerre, de la violence par le feu de la céramique, au trait des balles par celui du dessin. Certaines réalisations y laissent des plumes car l’Homme n’est pas une espèce protégée.

Le bleu d’un espoir après celui de la nuit

Dans le travail de Myriam Mechita la violence et la douceur percent ensemble un chemin vers…vers ce qu’il y aurait en nous de plus profond. Le bleu de l’aube, de l’espoir, de la vie qui renaît. Un renouveau mystérieux, « ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre. » D’où le masque. Comme beaucoup de mots, masque se prête à pas mal de sens. Le mot voisine aussi avec la malchance. Le radical préroman maska (noir) a donné d’un côté masca, sorcière, spectre, démon, d’autre part tache, salissure. Passé par l’italien maschera, apparaît le mot masque. En effet, l’un des déguisements les plus simples consiste à se noircir le visage. Passer du noir de la mémoire au bleu de l’espoir sur les rivages de l’art !

Au carrefour…

Vue à la Fondation Salomon, Myriam expose à la Galerie Art Now Projects (De l’importance d’une bonne prononciation, du Now en particulier). À Carouge dont l’étymologie remonte au carrefour, littéralement quatre fourches. Quoi de mieux pour une croisée des chemins dans ce lieu de respiration qu’était Carouge au temps de la sévère Réforme ? Les matins bleus firent apparaître les chiens de feu. L’art en sublima les flammes en glaçures.