Nomade, bourgeois, migrant…

Nomade : Qui n’a pas de demeure, d’établissement fixe.  Empr. au lat. d’époque impériale nomas, -adis «membre de tribu de pasteurs itinérants».  «qui change de pâturage, qui erre à la façon des troupeaux ou des conducteurs de troupeaux d’un pâturage à l’autre» dér. de  «faire paître». Au fond, envoyer paître quelqu’un serait davantage une invitation à aller trouver de la nourriture qu’à aller se faire voir. Les Annéciens avaient trouvé une solution atypique : le Pâquier constituait un pâturage au cœur de la ville.

Bourgeois

Le bourgeois est né de la sédentarité. La construction de bourgs a entraîné la vie de bourgeois. Sédentarité, accumulation, reproduction. Immobilité de l’esprit, aussi, afin de conserver en l’état un mode de vie sur lequel asseoir sa prospérité.

Migrant

Rappelons que le migrant est un individu hybride, contradiction dans les termes. Il est à la fois émigrant et immigrant. Nomade aspirant à la bourgeoisie. C’est pourquoi le bourgeois local le voit arriver d’un mauvais œil. L’avait qu’à prospérer dans son bourg initial, non mais !

Mouvement

À penser ainsi, le bourgeois oublie qu’il n’est qu’un petit point de vie, infime, microscopique sur la surface d’une Terre en perpétuel mouvement. Et que c’est même ce mouvement qui crée la vie, sa variété traduite dans l’alternance du jour et de la nuit, des saisons.

Suivre le mouvement

Afin de mettre tout le monde d’accord, pourquoi ne pas adpoter le principe d’une immigration choisie ? La droite toute en sera satisfaite. Les autres aussi, écologistes compris. Acceptons la migration qui suit le mouvement de rotation de la Terre vers l’est. Pas de gaspillage d’énergie puisqu’on ne lutte pas contre le mouvement de la nature. Canalisation et gestion facilitée des migrations. Celles qui viennent des pays du sud seraient enrayées, celles qui vont vers le sud aussi : d’où égalité et donc équité. À propos des migrations vers le sud, les grands mouvements de vacanciers vers la Côte d’ Azur seront interdits, bien sûr. Plus d’embouteillages, de surtourisme. Découverte ou redécouverte du périmètre que l’on habite à l’année, bricolage personnel de ressources de jeu, de divertissement, de culture ! ( Le fameux BPRJDC).

Identité

Poussons plus loin le raisonnement. Adoptons de whitewashing, le blackwashing, le yellowwashing, le redwashing et tous les washing pour rendre hommage à Coluche et laver plus blanc que blanc ou cirer plus noir que noir. Il sera interdit de migrer en jouant un rôle de composition. Un blanc ne pourra être que blanc, un noir noir, un rouge rouge, un jaune jaune. Un albinos ? Albinos ! Pour appliquer le fondamental «  Connais-toi toi-même », quoi de mieux que d’être soi ?

Apothéose

C’est alors, parvenus à ce sommet de l’art de vivre sa vie, que nous pourrons clamer : « Nous sommes nous ! Nous sommes chez nous, là ! ». Certains préférerons le « on ». Faisons-leur remarquer que ce « on » est un pronom personnel indéfini. Le brandir pour définir son identité semble inapproprié. D’autant plus que l’on entend parfois dire «  On est un con ». Et si nous nous fions à l’étymologie du mot « con »…Mais c’est une autre histoire.

Précision

Le dessin est de Franz Schimpl. Nous l’avons laissé en blanc non pour complaire à une partie de la population mais afin que chacun puisse le colorier à sa guise. En bleu blanc rouge pour les patriotes. En rouge pour les révolutionnaires, en blanc pour les royalistes, arc-en-ciel…