Odile Wieder,une voie-x, chercher pour soi, trouver pour les autres
17 novembre 2024Conversation
Odile Wieder,est-ce que votre carte de visite présente l’ensemble de vos activités ? Thérapeute de la voix, professeur de chant, coach vocale, chanteuse auteure-interprète, et puis L’École de la Voix, Vibration. Écoute. Parole. Chant ? Il y a eu libraire à un moment…
Libraire dans ma vie d’avant. Ma carte de visite résume bien ma démarche à partir des années 80. Ma librairie s’appelait La bise noire. Le déclic par rapport à la voix et au chant est venu à cette période. Enfant, mon père artiste me faisait rêver en parlant de sa passion pour la sculpture sur bois, qu’il ne pratiquait déjà plus. L’école chez les bonnes sœurs de La Roche-sur-Foron ne m’intéressait pas , j’ai l’impression de n’y avoir rien appris. Je ne pensais qu’à faire rire les copines. La seule chose qui me passionnait était le piano, j’adorais ma prof Mme Germaine Bardel, et les petites spectacles que l’on jouait dans la rue avec mes copains, puis j’aimais le basket-ball, le côté sport d’équipe, Le cheminement que j’ai suivi ensuite vient peut être de ces deux aspects, la musique et le collectif.
Lorsque que je suis sortie de l’école, j’ai éprouvé le besoin d’apprendre, ce qui fait de moi une autodidacte. Il me fallait quitter le milieu familial pour m’ouvrir au monde, à d’autres milieux. J’aimais déjà la chanson française à texte, j’écoutais Jacques Brel en boucle, et dévorais tous les livres, les grands auteurs russes et français bien sûr, mais aussi, je faisais partie d’un cercle d’études politiques très actif en 68. En plein dans la mouvance de l’époque, des années 1965 aux années 1980, j’ai participé et souvent insufflé des aventures collectives, la création d’une MJC à la Roche-sur-Foron, ma ville natale, l’engagement dans l’écologie, la lutte contre le nucléaire (sacré cadeau aux générations futures !) , la création d’une coopérative bio Aquarius et puis l’aventure de La bise noire, une librairie différente qui est devenue un lieu vivant à Annecy, un espace de débat avec une cafétéria et même une imprimerie.
J’étais à fond chaque fois dans tous mes engagements, particulièrement, pendant trois ans de lutte contre le surgénérateur de Malville Au départ, en 1974, à sept ou huit, nous avons soulevé la région. Puis le mouvement s’est développé. En 1976, on est allés chercher Lanza Del Vasto, disciple de la non violence (à cette époque je m’appelais Odile Lanza, c »était drôle on me prenait pour sa fille) et on a réussi avec 10 000 personnes à occuper le site de manière non violente. La suite s’est très mal terminée : en 1977 une importante manifestation annoncée comme non violente a regroupé plus de 100 00 personnes. Mais il y a eu entre autres des manipulations de l’extrême gauche face à la toute puissance de l’État policier. Comme je faisais partie de l’organisation, je pressentais la catastrophe parce que ça tirait à hue et à dia, dans un débat stérile, violence / non violence. Il y a eu un mort, Vital Michalon, deux personnes mutilées, des centaines de blessés physiquement et moralement. Terrible ! Des années d’espérance anéanties.
C’est une tendance assez naturelle quand on est jeune de vouloir changer le monde.
Changer le monde oui ! On était en pleine utopie, Le mouvement était mondial c’était joyeux . Je ne cherchais pas à convaincre, c’était un élan pour faire « ensemble » pour croire qu’on pouvait faire autrement que subir cette société de consommation et de destruction de la planète. Cette manifestation a été un choc .
Le résultat était contraire à tout ce que vous aviez voulu partager.
S’ensuit une dépression, une remise en cause personnelle et un travail thérapeutique corporel, d’où jaillira une imprédictible envie de chanter. Les vibrations ressenties pendant ces séances sont comme une renaissance. Commence alors un véritable parcours initiatique avec la voix.
Ce phénomène s’est produit grâce à la qualité d’accompagnement de la thérapeute, de vous, de certaines prédispositions ?
J’ai du mal à l’analyser. La première heure de chaque séance était consacrée à un travail d’introspection, pour comprendre ma construction, mes fragilités et mes forces. Cette première heure me rendait très disponible. L’émission sonore peut être limitée. Mais là, tout de moi émettait grâce à mon état interne de présence. J’ai dit à madame Chabert : « Je veux chanter ! » ( rire d’Odile pas simplement intellectuel, clair, rayonnant). Elle me répond : « J’allais vous en parler. » Pendant les deux ans avec madame Chabert, il y a eu de la souffrance par moments, parce que l’introspection revisite des choses pas toujours agréables. J’ai un instinct de vie très fort, alors le chant m’est apparu comme une thérapie douce, le moyen d’aller vers le vivant.
Vous partez du processus intérieur de l’introspection pour aller vers le chant qui vient de l’intérieur lui aussi mais propulse la voix à l’extérieur.
J’ai eu l’intuition de cette nécessité, de cet outil, surtout. Je me suis souvenue d’avoir participé à un chœur quand j’étais enfant. Je ne sais plus exactement à quel âge, on m’a fait chanter en soliste. Je me suis souvenue de cette voix d’enfant très pure, qui venait de moi mais qui n’était pas moi.
C’était vous, sans être vous, vous retrouviez le souvenir de cette voix d’enfant alors que vous êtes adulte…c’est tout un feuilletage.
C’est ça ! un sentiment de liberté, je pense que c’était là, quelque part en moi. À l’époque pour apprendre à chanter, il n’y avait que les conservatoires. Je suis allée à celui d’Annecy. Je chantais juste, j’avais une voix naturelle, mais toute timide : la professeure me fait chanter en soprano. J’aimais bien, et voilà qu’au bout de deux mois, j’entends parler d’une cantatrice, je vais faire un stage avec elle pendant les vacances de Toussaint. On travaille le corps, le mouvement, la respiration ! Cette petite vibration que j’avais eue dans la thérapie prend une autre dimension : je vibre de partout. Quelle expérience sensorielle ! De retour au Conservatoire, je parle de ce stage, je me fait engueuler : « Qu’est-ce que c’est que ces histoires ! » J’ai compris que je n’étais pas au bon endroit. J’entends parler de Bazia Retchiska, cantatrice professeur, au Conservatoire populaire de Genève, et surtout de sa renommée dans les milieux de la musique improvisée pour faire travailler les comédiens, les musiciens, ceux qui n’arrivaient pas à rentrer dans un cadre rigide.. Pendant 6 ans, c’était un vrai bonheur, j’y allais toutes les semaines, je chantais, je vocalisais tous les jours. Bazia m’a fait faire du chant classique, mais j’aurais pu travailler n’importe quel style de musique Je ne me suis pas posé la question du répertoire. C’est plus tard que je me suis passionnée pour la chanson française.
Quel que soit le genre, c’était la démarche qui convenait ?
C’était la personne, pas uniquement ses compétences, mais son émanation, ses qualités humaines. Plus jeune, j’adorais aussi ma prof de piano.
Beaucoup de personnes qui n’étaient pas à l’aise dans le cursus scolaire habituel recherchent un lien profond, vrai , humain pour apprendre par la suite. L’enseignement seul ne suffit pas, la relation est déterminante.
C’est important, mais il ne faut pas que ça devienne un obstacle et qu’on ne lâche plus sa prof. Bazia n’exerçait aucune emprise, elle m’a emmenée dans la musique, dans l’écoute. Elle ne se mettait jamais en avant. J’ai appris par la suite qu’elle avait chanté à la Scala de Milan et fait plusieurs disques. c »était une grande artiste. Quand je sortais des cours, j’étais sur un nuage. Je me demandais ce qu’était cette voix qui me créait autant d’émotions, tant de bouleversements intérieurs. Le fait d’avoir chanté une heure avec Bazia me transportait dans un autre état. Alors j’ai commencé à chercher. Bazia était une grande musicienne, elle parlait par images mais j’étais démunie face à ce que je pressentais intérieurement. Un jour elle me parle du Roy Hart* (une démarche expérimentale sur l’exploration de la voix humaine). Je ferais par la suite un travail suivi avec les formateurs du Roy Hart et puis également avec tant d’autres chercheurs. Se produit alors un autre événement fondateur. Avec Bazia, je chantais toujours du répertoire, avec une petite voix haute, mais je sentais bien qu’il y avait d’autres possibilités. Lors d’une improvisation avec le Roy Hart, je sors un son grave très puissant, qui ne s’arrêtait plus. J’ai découvert tout un potentiel du grave à l’aigu que je ne connaissais pas. Malheureusement les formateurs du Roy Hart n’étaient pas très communicatifs, à l’époque, ils ne savaient pas accueillir les états que les personnes vivaient et j’étais souvent submergée par les émotions, ceci sans explication. C’est tout naturellement que j’ai rencontré Marie Louise Aucher psychophoniste.* Elle avait découvert les correspondances entre les sons et le corps humain et établit une échelle de réceptivité aux sons qui rejoignait certains points d’acupuncture. . Sa vision me plaisait, elle avait la certitude que le chant était l’affaire de tous les êtres humains, en effet avant de parler, le bébé chante vocalises, c’est naturel. Pour la voix parlée c’est plus compliqué car l’on n’ apprend pas à parler, le langage se développe par imitation. Le travail consistera à trouver son identité vocale personnelle, libérée des conditionnements et des jugements qui limitent. La psychophonie m’offrait une démarche structurante qui prenait en compte la personne dans toutes ses dimensions psycho affectives et corporelles et aussi spirituelles. En cela elle rejoignait toutes les traditions, mais insistait sur la notion de prise de conscience : qu’est ce que je vis, comment fonctionne mon instrument , qu’est-ce que je ressens, que j’entends ? C’est la clé de l’autonomie. Marie Louise me disait : « Tu dois toujours justifier ce que tu proposes, d’où la nécessité d’étudier ces lois.
J’ai eu la chance d’être initiée personnellement à son enseignement qu’elle me donnait bénévolement chez elle à Sancerre. Elle a eu un AVC, et dans les années 90 j’ai poursuivi mes recherches dans plusieurs directions mais toujours nourrie par son enseignement tellement structurant : ma rencontre avec Guy Cornut, phoniatre de renom, puis l’enseignement de Tomatis*, et ensuite de l’art de l’écoute, développé par François Louche*, élève de Tomatis, puis le Yoga du son, enseigné par Guy Fargeot, puis et puis et puis….
De nouveau la radicalité et l’exigence, il faut que tout fonctionne dans une approche holistique.
Oui les différentes parties de soi, pour trouver l’unité, l’ harmonie. Pour moi la question de la beauté, de l’harmonie est importante, la nature en est l’exemple. Parallèlement à ce parcours personnel dès 1979 m’est venue l’idée de monter une librairie à Annecy.
Vendre des livres pour apprendre.
Oui, pour lire, continuer à me cultiver. Je redémarre à zéro, me sépare de mon mari et monte une petite librairie avec l’idée de me reconstruire. Je trouve un tout petit local 13 rue de Loverchy et je nomme ma librairie La bise noire. « Bize nère » en patois, c’est le nom savoyard du vent qui souffle par temps couvert. Je me trouvais moi-même dans une période intermédiaire. Je m’associe avec une amie, Évelyne, puis avec Éric. Chacun, nous nous formons en faisant des stages dans des librairies dites « différentes ». Évelyne à Aix-en- Provence, moi à Grenoble et nous montons un fonds radical. Pas de papèterie, que des livres. Pas d’office non plus, ces livres que les éditeurs vous envoient automatiquement. Nous avions un fond incroyable, poésie, philosophie, ethnologie, politique, bd. Le public est venu probablement aussi car j’avais eu beaucoup d’engagements sur le plan culturel et social. La bise noire devint un lieu. Subversif ! (rire…)Les gens prennent les livres, s’installent dans les canapés, lisent. On tient des débats, on fait venir des auteurs. Des féministes arrivent et se réunissent à la librairie, des antimilitaristes aussi. Des copains, Patrick et Alain venant de Thonon nous proposent de participer à l’expérience, avec leur matériel d’imprimerie, et la création de l’association ASILE qui éditera un journal : « La couverture » ! Ça dure trois ans. Et comme c’était l’époque des premières radios pirates, on est perquisitionnés ! . En même temps, puisque la librairie marche bien, on décide de faire un coin cafétéria géré par Françoise et Charles. C’est archi plein tous les jours, et tellement vivant ; mais les contrôles administratifs et policiers, les difficultés nous ont obligé à fermer la librairie.
Je prenais mes cours de chant, avec Bazia, me perfectionnais avec le Roy Hart et la psychophonie,. Mais je me retrouvais à la campagne et je ne savais pas ce que j’allais faire de ma vie. Le chant, l’écriture et la peinture occupaient mes journées. C’est le fil du chant, de la voix qui m’a tenue et que je n’ai plus lâché jusqu’à aujourd’hui. Sans doute mon questionnement constant sur la voix qui relie le dedans au dehors. Le point important et inattendu qui est apparu dans mon parcours, c’est la transmission. On m’aurait dit : « Tu vas enseigner, j’aurais rigolé. » Comme je ne fichais rien à l’école…
L’école n’est pas une vraie transmission dans la mesure où elle est verticale. La transmission vivante est un échange.
À cette époque on m’a proposé de faire un atelier voix dans une école de musique à Chambéry. Pour le premier cours, je me retrouve avec douze élèves : c’est la révélation ! Les douze personnes rentrent dans mes propositions, font des retours. Je n’apprends plus pour moi, mon apprentissage est décuplé par ces échanges. C’est ce qui m’a incitée à monter mes premiers ateliers à Annecy. Un garage aménagé en local chemin de la prairie. Besoin de partage, je vais chercher à Chambéry Anne Marie Berger,, une personne diplômée de la méthode Feldenkrais* . Celle-ci apporte une connaissance approfondie du corps, je pratique toujours cette méthode, elle fait partie intégrante de mon enseignement. Puis Renaud Jacquier anime un atelier Arno Stern, Fabienne Courmont anime ses premiers ateliers danse, et tanaka. Nous sommes tous indépendants mais nous nous nourrissons mutuellement. Nous formions l’association AVEC, Association Voix Expression Corps. Il n’y avait rien d’autre à Annecy que le Conservatoire, donc les gens venaient. J’ai commencé mes premiers ateliers Corps et voix. J’ai eu rapidement trop d’élèves et j’ai fait appel à mes copines chanteuses. Quand vous commencez à être bien dans votre voix, vous avez des affinités avec telle ou telle style musical, la chanson, le jazz, le gospel, l’improvisation. Mon cheminement m’a amenée du classique à la chanson ; j’adore le rapport au texte, à la voix parlée. La chanson réunit le texte et la musique. J’avais envie que mes élèves suivent leur propre voie, pas forcément la chanson. Je contacte alors plusieurs personnes : Sylvia Gentil, chanteuse de jazz. Monique Nadel, cantatrice. Elle monte un atelier gospel qui sera ensuite repris par sa fille Helena. Isabelle Gallarotti pour le chant classique, Monique Tréhard chanteuse et moi même animons ensemble des ateliers chanson française. Arlette Girod et Jean Marie Reboul ont été nos pianistes accompagnateurs… Ce sera les Ateliers Chant d’Annecy. Une dizaine de profs interviennent, nous avons deux cents élèves. Au cœur de ce parcours, j’ai éprouvé le besoin de chanter en public, pour partager un répertoire, une intimité même, un autre métier : j’ai donné plusieurs récitals, écrit et composé mes propres chansons.
À la suite de quoi j’ai créé l’École de la Voix pour proposer une formation professionnelle, à tous les enseignants (prof de chant, de musique, thérapeutes, comédiens..) qui souhaitaient acquérir des connaissances approfondies sur la voix, qu’elle soit parlée ou chantée. J’ai fait appel au enseignants.es les plus compétentes en France, qui avaient fait partie de ma propre formation, Guy Cornut un grand phoniâtre et Blandine Calais Germain pour la physiologie de la voix, Marie France Castarède pour la dimension psychanalytique de la Voix, Isabelle Zermatten pour l’Art de l’Écoute, François Valade pour la Voix dans les musiques actuelles, Céline Lambre pour la pédagogie, le yoga du son avec Denis Fargeot, etc. C’est l’alchimie de toutes ces pratiques qui à fait l’identité unique del’École de la Voix, qui a délivré 6 promotions. Des dizaines de personnes diplômées diffusent aujourd’hui un enseignement de la voix et du chant unique dans toute la France.
Tout ce cheminement est très mouvant, jusqu’à trouver la bonne formule ?
La bonne formule, pour moi? C’est aujourd’hui ! Mais tout ce parcours a été d’une richesse incroyable. Après avoir animé pendant des décennies des centaines d’ateliers, de stages, travaillé pour la formation professionnelle en France et en Suisse, Je me suis recentrée sur l’essentiel : la transmission en séances individuelles. Aujourd’hui beaucoup d’élèves de la région et d’ailleurs viennent me voir, un chef de chœur, une choriste, un chanteur autodidacte, une personne timide, une comédienne, ou conteuse, un commercial, un orateur… Je m’adapte à chaque demande que ce soit pour la voix parlée ou la voix chantée. la voix parlée : c’est avec elle que tout commence, moduler sa voix, c’est chanter sa parole.
Nos émotions, nées de l’imitation, seraient donc faussées ?
Souvent car il faut savoir que l’on apprend pas à parler car le langage se développe par imitation, l’enfant prend souvent non seulement les mots, les intonations, le timbre, mais aussi les émotions de sa mère, de son père des proches, cela explique l’étonnement devant une émotion qui arrive plus tard, d’où vient elle ? Est-ce la mienne ? Il peut y avoir comme un « malentendu » [à prendre à tous les sens du terme]. Peu à peu on apprend à mettre de la clarté sur nos états émotionnels et à faire des choix.
Être le plus possible soi-même.
En tout cas, tenter d’être en contact avec soi-même, déjà. La dimension psy en fait partie, ce serait dommage de l’isoler. D’ailleurs à l’origine, le mot thérapie venu du grec, voulait dire, prendre soin de soi. Corps-esprit sont un tout. Avec les émotions, qui sont l’expression même du vivant.
La mode serait de « partager des émotions » qui sont le plus souvent superficielles parce que provoquées d’après des recettes. Avec votre approche, on va chercher les émotions à l’intérieur de soi.
Bien sûr. Si on est à l’écoute, la voix de la personne qui parle traduit ce qu’elle vit intérieurement. Alors que faire ? Soit les émotions prennent le pouvoir, joie, colère, tristesse… Tout le thorax est sous pression, tout notre appareil vocal se bloque. C’est d’incarnation qu’il s’agit, chaque partie du corps a une fonction, il s’agit de les relier : énergie, souffle, résonances, écoute, expressivité. Les émotions sont au service de notre parole de notre chant au lieu de prendre le pouvoir. Un exemple : j’apprends par téléphone une très mauvaise nouvelle. Une élève arrive ; si je me remets consciemment dans mon corps, dans mon axe, dans mon attention à l’autre, je contiens mon émotion, je ne suis pas enfermée dans mes problèmes. Cela permet de ne pas se laisser emporter par ses instincts, par ses émotions, révélés juste dans le ton de la voix ! Ce n’est jamais gagné, Il s’agit de s’entrainer sans relâche à retrouver cet état de présence.
Mon passage en politique de 1989 à 1995 (élue première élue verte à la mairie d’Annecy) à été une vraie école pour moi. J’étais souvent en colère, souvent en désaccord avec la politique menée, et il me fallait avoir la posture juste pour m’exprimer sans agressivité afin d’être entendue. Je me préparais toute la journée avant les conseils municipaux.. Les dix années précédentes de travail intérieur m’ont été bien utiles. On le voit bien dans la société, une colère « juste » oui ! mais pas la violence verbale qui fait souvent autant de dégâts que la violence physique. Beaucoup d’enseignants souvent aphones en fin de journée viennent me voir pour des raisons fatigues vocales.
Parler comme nous le faisons en ce moment ne pose pas de problème. Parler à des personnes qui se trouvent à plusieurs mètres, à l’école, en réunion, c’est une autre affaire. Certains enseignants ont la voix mal placée, trop en haut, trop en bas, trop faible, trop forte… malgré leur bonne volonté, en désaccord avec leur propos Comment les élèves peuvent-ils entendre l’enseignement proposé ?
Et puis une voix est un révélateur. Si on est attentif, on décèle le manipulateur, le menteur.
Il se passe beaucoup de choses quand on est à l’écoute de la voix, des débats à la radio par exemple. La voix en dit souvent plus long que les mots prononcés.
Courte digression pour se demander à qui parlent les invités qui débattent dans les médias, et rappeler que François de Sales, saint patron des journalistes, fut le premier à s’adresser à des destinataires précis, en fonction de leur statut social, de leur condition plutôt que de continuer à porter une parole immuable.
J’aime bien le terme de longueur d’onde. Sur quelle longueur d’onde on est ? Notre monde est très dur, très violent et je suis très attentive à ne pas noircir mon territoire intérieur. J’ai besoin d’être sur de bonnes fréquences.
Il y a pourtant eu La bise noire.
On est obligé d’aller dans nos profondeurs, se connaître « Connais toi toi-même et tu connaitras l’univers et les dieux » (dans cette maxime du temple de Delphes, cela signifie : pour connaître le monde invisible, il faut d’abord connaître notre propre monde invisible, c’est à dire nos corps subtils et leurs surprenantes capacités ») Il n’est pas possible d’être des illuminés pour qui le monde est beau, tout va bien, la vie est belle. Je regarde, j’écoute les informations, les débats, mais je fais très attention à ne pas me laisser manipuler, à mettre un écart, une distance.
Quand vous délivrez un cours, vous devez être dans une forme d’empathie mais rester ancrée en vous. Il y a un équilibre à trouver en permanence.
Oui c’est cela. Être présente simplement. Avec l’expérience, l’écoute est suffisante car j’ai tous les outils pédagogiques nécessaires pour répondre aux demandes. La relation est privilégiée, car on touche souvent à l’intime, les compétences sont nécessaires, mais l’ouverture du cœur est indispensable. Cela m’oblige. Chaque personne est unique et cela implique un travail spécifique. Difficile de faire un portrait de tous mes élèves, j’enseigne depuis si longtemps, et j’ai un public tellement varié, du débutant timide au professionnel confirmé. Mais je voudrais donner quelques exemples concrets, sachant qu’il y a une constante dans mes séances : la mise en disponibilité, l’écoute, l’observation de soi, la relation corps, cœur, esprit.
Pierre
Pierre est conférencier, il vient me voir car il se rend compte qu’il n’arrive pas à capter son auditoire, le public n’est pas touché par ses interventions. Il est souvent face à 200/300 personnes passionné par son métier.
Nous commençons ce que j’appelle un bilan vocal en travaillant tous les paramètres, l’auto écoute de sa voix, la posture, le timbre, la respiration….tout fonctionne parfaitement bien. En arrivant sur l’intensité, il reste dans une intensité disons normale, ni trop forte, ni trop faible. En ce qui concerne l’expression, rien ne se passe, il reste sur un plan purement intellectuel.
Avec une bonne respiration ventrale, je l’amène à parcourir toute une échelle de sons, du très grave au très aigu, et en l’invitant à donner de la voix, en lui proposant d’entrer organiquement dans un mouvement, il bloque. Une émotion arrive, un souvenir remonte à sa conscience, il arrive à l’exprimer : il se souvient enfant de son grand père qui avait une voix puissante, et battait sa femme. Pour lui puissance = danger. Il part une année, approfondir cette blessure avec une psychologue, et revient ensuite. Le travail est aisé, il peut mettre son émotion au service de son discours, nous travaillons les nuances, la modulation, le sentiment,, la puissance, il ressent ce qu’il exprime, je suis touchée .
Il m’enverra ensuite des cassettes de ses discours devant 300/500 personnes. La voix était devenue vivante, le message passionnant.
Françoise
Françoise est choristedepuis des dizaines d’années, mais aussi pianiste. Elle a cinquante ans, elle vient me voir car elle ne connait pas sa voix. Sa cheffe de chœur lui a dit : « Mettez-vous dans ce pupitre, vous avez un petit timbre de voix, faites ce que vous pouvez. »
Mes séances commencent toujours par un moment de partage, d’observation de soi, de sa voix. Françoise est réservée, elle chante effectivement avec une petite voix légère, ce que l’on appelle communément la voix de tête, elle n’a pas spécialement conscience de sa respiration. ( Petite parenthèse sur la respiration dans la voix parlée au quotidien : la respiration est automatique, elle utilise ce que l’on appelle le volume « courant », l’inspir est actif, l’espir est passif. Dans le chant la respiration est tout autre, l’expir devient actif car l’on allonge la phrase musicale, l’inspir devient passif. Le travail respiratoire n’est donc pas automatique, il faut le travailler spécialement, non seulement musculairement mais aussi vocalement..
J’amène peu à peu Françoise dans l’engagement de tout son corps et de sa respiration, une voix d’Opéra se révèle. C’était il y a longtemps , je l’entends encore, c’était tellement émouvant ! Presqu’une vie à passer à côté de sa voix !Après l’avoir conduite sur le chemin de sa nouvelle voix, je lui conseille de travailler le chant classique avec Bazia, mon professeur à Genève. Elle fera plusieurs années avec elle, puis donnera des concerts, et cadeau suprême, sa fille est aujourd’hui cantatrice.
Ophélie
Ophélie, une autre choriste, autre problématique, élève actuellement. Elle chante dans une chorale depuis plus de dix ans. Elle apprend que je fais travailler une personne de son chœur, et cette personne fait des solos. Elle aimerait bien elle aussi faire des solos. Ophélie vient me voir, ne connait pas du tout sa voix. Elle a une bonne posture, respire bien, n’a presque pas de tensions, une voix bien sonore, mais elle n’arrive pas à reproduire les sons, les vocalises, les chants que je lui propose. Problème d’oreille ? Je lui conseille d’aller faire faire un audiogramme (bilan auditif). Pas de problème. Sa motivation est sincère, elle veut apprendre pour elle-même d’abord. Dans son chœur, elle suit, prend appui sur les autres, seule. Elle n’a pas de contact avec elle même, son écoute n’a pas été travaillée. Je lui propose d’aller vers un répertoire traditionnel, les chansons de l’enfance mille fois entendues, aide précieuse car inscrite dans la mémoire collective. Pas à pas, mesure par mesure nous travaillons l’écoute musicale, la hauteur des sons, les courbes musicales. Peu à peu, elle devient intéressée, attentive, elle enregistre toutes les séances, elle commence pour la 1ère fois de sa vie un vrai travail musical. Ophélie elle est passionnée, constante et conscience du temps qu’il faudra pour chanter juste et bénéficier de tous les bienfaits du chant. Elle continue dans sa chorale, sa présence, son écoute, sa relation à elle même à son corps à sa respiration deviennent des alliés précieux.
Arthur
Arthur est un entrepreneur, il a la quarantaine et vient me voir car sa voix ne répond plus, Il est extrêmement fatigué, amaigri et se questionne sur les causes de ces états. Après un échange sur ce qu’il vit dans son quotidien, nous explorons l’instrument corporel, l’appareil vocal, l’appareil respiratoire l’appareil psycho moteur. Il découvre les liens entre ces trois appareils. Arthur ne respire pas quand il s’exprime, plus précisément il reste en apnée. À chaque émission sonore les cordes vocales, s’accolent et s’ouvrent pour laisser entrer l’air. Sentir concrètement ce mouvement dans la gorge, comme si on voyait ses cordes vocales avec un laryngoscope, est une expérience intéressante : par exemple faire des petits A piqués, a-a-a et observer la pression des cordes vocales dans le A et l’ouverture des cordes entre chaque son. Savoir que l’apnée est un réflexe des cordes vocales pour protéger les voies respiratoires contre les agressions extérieures, le stress, la trop grande concentration, on parle on parle on parle, et on respire à minima.
Arthur est passionné par son travail, il manage des équipes, se donne à fond, il a une incroyable énergie, mais si ne se ressource pas. Nous travaillons sur des textes et précisément sur les silences entre les phrases qui permettent à l’air d’entrer, plus profondément, au corps de s’ouvrir à la respiration. Par ce simple geste respiratoire conscient, on passe d’un état d’émetteur, à un état de récepteur.
Arthur est très engagé dans cette recherche qu’il ressent comme un travail sur lui. Au bout de quelques semaines, il va mieux, de quelques mois il reprend des kilos, il change de posture, il trouve la juste mesure entre l’engagement vers les autres et l’écoute de lui-même. Il vient régulièrement me voir depuis plusieurs années. Je lui fais expérimenter le yoga du son, le chant des voyelles. C’est une pratique, qui met tout le corps en vibration, en des points bien précis, avec une dimension d’ouverture spirituelle. Sa voix parlée s’est transformée, elle est plus riche, plus sonore, sans effort particulier. Il pratique tous les jours son Yoga de la voix, puis depuis un an le désir du chant se manifeste. Personne ne chantait dans son enfance, il commence donc à découvrir avec jubilation cet art du chant.
Sophie
Sophie est chanteuse,c’est une jeune femme timide, elle joue de la guitare et est passionnée par la chanson française, les grands classiques, Ferrat, Moustaki, Brel, Ferré ….mais aussi les auteurs actuels. Elle commence à chanter en public et vit sa timidité comme un obstacle. Même devant moi ce n’est pas facile. Sa détermination est touchante, Elle a une belle voix très timbrée. On parcourt ensemble toute l’étendue de sa voix, qui est immense, plus de 3 octaves. Puis le travail sur sa tessiture (sa zone de confort pour chanter), commence. Elle mange ses mots, et découvre le plaisir de les savourer, Elle oublie de respirer et découvre à quel point une bonne respiration costo-abdominale, un engagement dans ses textes sont des aides précieuses. Nous travaillons séparément, en premier la préparation du corps, détente, mise en voix, respiration, posture puis l’aspect musical, la justesse, le rythme, cerveau droit, et ensuite le texte en parlant, en l’exprimant comme dans une conversation, cerveau gauche. Ensuite on chante ! Entre le début de la séance ou elle chante à froid sa chanson et la fin du cours, elle entend une voix plus riche, plus audible, plus personnelle, ses efforts portent leurs fruits. Elle apprend à ne pas imiter, à vivre ses chansons, à se les approprier à faire des choix d’interprétation. Elle est motivée, c’est le désir mais aussi un travail conscient qui est déterminant.
Retour au fil de la conversation
Un auteur dit que la poésie, si elle ne change pas le monde, peut changer notre relation au monde.
Oui travailler sa voix pas seulement pour un plaisir ou un confort personnel, mais pour devenir un instrument au service de nos valeurs. J’aime bien cette célèbre phrase de Gandhi « Soyons le changement que nous voulons voir dans le Monde ».
Est-ce que l’approche est différente pour les femmes et pour les hommes ?
Je ne trouve pas. J’ai pratiqué des formations en groupes pendant vingt ans. Je privilégie maintenant la pratique vocale en séance individuelle. En groupe comme dans de nombreuses pratiques, il y a peu d’hommes. En individuel, j’ai beaucoup d’hommes, des chanteurs, des commerciaux, des conférenciers, des enseignants…Et de nombreuses femmes bien sûr : conteuses, chanteuses, salariées, commerciales, thérapeutes, enseignantes, comédiennes….
Comme dans une psychanalyse, les séances sont indispensables mais le boulot continue entre elles.
Le travail fait son chemin. Le silence est essentiel, il fait même partie du langage ! nous parlons, nous échangeons, tout le temps, en étant plus attentif, en développant une écoute plus fine, un état de présence plus constant le changement opère. Pour le chant, le travail, l’entrainement est nécessaire afin d’avoir une voix bien placée, plus juste plus riche, plus vraie. Comment pratiquer sans m’abîmer ? À la fois explorer et libérer sa voix.
On parle sur quelques notes, mais on chante sur plus d’une octave. L’objectif est d’avoir une meilleure maîtrise en ouvrant son potentiel grâce à des outils très concrets, sans chercher la performance, sans se comparer, mais juste vibrer afin de nourrir le sentiment de joie !
En quarante ans de pratique, j’ai rarement eu des gens qui chantait vraiment faux. C’est soi ils sont dans l’émotion, soit qu’ils ne respirent pas, il n’y a qu’une partie d’eux qui chante, soit il ne sont pas dans leur tessiture, soit il ne s’écoutent pas. Nous devons accorder notre corps comme un musicien le fait avec son instrument avant de jouer. Souvent, quand l’instrument est accordé, la personne parle, chante juste. Le travail peut aussi consister à sortir de l’imitation et à développer son expression, là aussi unique.
Accorder son corps, c’est l’accorder avec soi, mais aussi avec le contexte.
C’est la difficulté. Nous sommes un instrument sensible qui se désaccorde en fonction du contexte. La chanson rythme nos vies, elle accompagne les époques. Je crois que je n’ai pas fait assez l‘éloge du chant. Il est tellement libérateur. De tout temps les gens ont chanté, au travail, à l’église, dans les fêtes de famille, peut être se posait on moins la question d’avoir une belle voix ou pas, même si presque dans chaque famille, il y avait toujours une voix naturellement plus belle que les autres, ce n’était pas un problème. Aujourd’hui très jeunes les enfants chantent plus aisément, ces dernières décennies les chorales se sont à nouveau développées intensément, même le karaoké est prisé pour le plaisir de chanter. On peut chanter avec une petite partie de soi même, mais si en conscience on chante avec tout son corps, tout son cœur, toute son âme, alors ça change tout. Hier matin, je me suis réveillée. Il y avait une pub à la radio : « C’est si bon… » que chantait Yves Montand. Je coupe la radio parce que je n’écoute pas les pubs. Mais l’air me reste dans la tête. Une chanson peut vous changer votre état !
Quand mes élèves repartent, ils sentent souvent plus légers, plus ouverts. La puissance du travail vibratoire est tellement méconnue, et pourtant tout vibre, c’est l’expression même du vivant.
Si nos élus chantaient leurs discours, est-ce que ça irait mieux ?
Odile évoque alors son mandat d’élue à la ville d’Annecy. C’est une autre musique, la politique, mais qui nécessite peut-être plus que les autres d’être centrée, de travailler à la maîtrise de ses émotions, d’avoir une véritable éthique dans la relation.
J’ai été la première élue verte de la ville d’Annecy de 89 à 95. Les rapports de pouvoir ne m’intéressent pas. Quand on a sa place, on n’a pas besoin de prendre le pouvoir. On a besoin du pouvoir quand on ne sait pas qui on est et que l’on veut consciemment ou inconsciemment dominer les autres ou se laisser dominer. Quand on est plus conscient de soi, de ce que l’on peut apporter aux autres, on n’a pas besoin de dominer. Je n’étais pas épuisée dans toutes mes aventures collectives. Quand les problèmes de pouvoir se manifestaient je n’hésitais pas à rompre. Je ne suis pas épuisée à la fin d’un cours parce que l’autre me donne autant que je lui donne. Il y a une circulation d’énergie. La relation permet de se nourrir mutuellement et puis enfin ! de remettre l’égo à sa place. Cette quête, je la poursuis toujours et depuis mon plus jeune âge.
QUELQUES CHERCHEURS EXCEPTIONNELS QUI NOURISSENT MON PARCOURS
Roy Hart était un comédien anglais célèbre, à un moment donné il réalise qu’il était plus dans un savoir faire que dans un savoir être. Il rencontre Alfred Wolsohn né à Berlin en 1896, qui participe à la guerre des tranchées. Il entend les voix des mourants dans une échelle de sons, du grave à l’aigu, au delà de l’humain. Il sort physiquement et moralement brisé. Pendant les dix années qui suivent, il se rappelle le plaisir qu’il avait enfant lorsqu’il chantait, et il à l’intuition que le chant pourrait l’aider à se reconstruire et redonner un sens à sa vie. Après avoir pris des cours avec plusieurs professeurs de chant sans trouver ce qu’il cherchait, il commence un travail de recherche de ce qu’il nomme « la voix humaine » : une voix capable de produire une très vaste palette de notes et de qualités, dépassant la notion habituelle de registres pour exprimer le masculin aussi bien que le féminin, ainsi que toutes les émotions humaines. En travaillant avec ses élèves, il comprend que leurs problèmes vocaux sont toujours liés à des souffrances psychiques et que le travail qu’il propose leur permet d’améliorer simultanément leurs performances vocales et leur équilibre psychique. Il se passionne pour la psychologie et la philosophie. Lorsque que Wolfsohn meurt Roy Hart décide de prolonger ses recherches, En 1974 avec une quarantaine d’étudiants anglais ils partent s’installer à la Malérargues (qui est toujours aujourd’hui le centre du Roy Hartthéâtre) . Malheureusement Roy Hart décède un an après dans un accident de voiture laissant 40 étudiants orphelins mais décidés à poursuivre leurs recherches. Quand je fais mon premier stage avec eux en 1979, je rencontre une démarche passionnante, mais il est vrai pas encore aboutie, ce qui a changé bien sûr au fil des années.
*MARIE LOUISE AUCHER. PSYCHOPHONISTE
Marie-Louise Aucher était cantatrice et professeur de pose de voix. Elle était aussi pédagogue, passionnée par la transmission d’un art qui nécessite une compréhension profonde de l’homme dans ses dimensions spirituelles, psychologiques et physiques. La psychophonie naît dans les années 1960-70 de la découverte par Marie-Louise AUCHER d’une échelle de correspondances entre des hauteurs de sons et des lieux du corps : chantant souvent accompagnée à l’orgue, elle perçoit la richesse de sensations vibratoires récurrentes, dont le développement conscient fera le socle de son travail vocal. Son approche de la voix, parlée ou chantée, donne la part belle au ressenti, à la qualité de la posture et au mouvement pour la part corporelle, à l’imaginaire et à l’intentionnalité pour la part mentale. Cette démarche considère donc l’intégralité de la personne, pour une harmonisation des différents plans de l’être.
*LA METHODE TOMATIS
La Méthode Tomatis® a été mise au point par Alfred Tomatis (né le 1er janvier 1920 et décédé le 25 décembre 2001), médecin français spécialisé en oto-rhino-laryngologie, ORL.
Il a consacré une grande partie de son activité professionnelle à étudier la relation existante entre l’oreille et la voix, et par extension, entre l’écoute et la communication. Ses découvertes furent établies au laboratoire de physiologie de la Sorbonne et donnèrent lieu à des communications à l’académie des sciences et à l’académie de médecine de Paris en 1957 et 1960.
*LA METHODE FRANÇOIS LOUCHE
« Écouter, s’écouter, être écouté »
L’acquisition de ces trois compétences facilite la souplesse de la transmission, l’établissement d’un diagnostic et la créativité dans la proposition d’exercices appropriés concernant la voix parlée et/ou chantée. Formé à la méthode d’Alfred Tomatis. Musicien, compositeur, ses recherches prennent racine dans l’univers vibratoire du son, de la musique et de la parole.
Le concept se fonde sur des recherches en neurologie, embryologie, psychologie, acoustique et linguistique. Les applications se déclinent dans le monde des arts, de la pédagogie et de la thérapie.
*LA METHODE FELDENKRAIS
La méthode Feldenkrais a été développée par le Dr. Moshe Feldenkrais physicien (1904-1984), à partir des années 1950. L’ampleur, l’énergie et la précision du travail du Dr Feldenkrais ont permis son application dans divers domaines, incluant la neurologie, la psychologie, les Arts, le sport et la rééducation. Sa pratique permet de découvrir – par l’expérience – à quel point des aspects de soi que l’on croyait immuables sont au contraire très flexibles : lorsque ces aspects ont été appris dans l’enfance ou plus tard, ils peuvent continuer d’évoluer lorsque l’apprentissage reprend. À titre d’exemple, la façon de se tenir sur une chaise, la façon d’être debout, la façon de réagir à un problème, de tenir ses épaules, tous ces aspects sont beaucoup plus malléables qu’on ne le croit en général.
Ses fondements
Les lois de la mécanique, en particulier celles du mouvement des corps dans le champ de la gravitation, les facultés d’apprentissage du système nerveux central et certains principes fondamentaux des arts martiaux japonais constituent les bases de la Méthode Feldenkrais.
Nos limitations dans l’ampleur ou la fluidité d’un mouvement ne proviennent pas toujours de limites mécaniques au niveau des articulations. Nos limitations dans le mouvement proviennent souvent de la façon dont le système nerveux central organise le mouvement, en utilisant la plupart du temps des schémas habituels acquis. Or, le système nerveux central apprend en permanence de l’expérience vécue, et ce quel que soit l’âge. Il y a encore quelques années, on pensait que le système nerveux achevait son apprentissage au début de l’âge adulte, mais des découvertes récentes ont prouvé qu’il n’en était rien. Des réorganisations massives peuvent se produire, le cerveau peut d’une certaine façon changer sa façon de fonctionner. On parle de neuroplasticité. Ainsi, l’organisation d’un mouvement n’est jamais figée et peut se modifier. Cette possibilité permet de modifier des schémas – parfois gênants – résultant d’une situation passée, pour en faire apparaître d’autres qui sont adaptés
aux situations présentes.
Quelle vie! Quelle engagement ! Je suis vraiment heureuse d’avoir pu rencontrer Odile Weider grâce à cette extraordinaire école de la voix qu’elle a créé. Elle a su y réunir des formateurs et formatrices d’exception. Je lui suis très reconnaissante, de pouvoir transmettre à mon tour. Quel bonheur le travail de la voix!
Pascale
Quel bel article!
J‘ai eu la chance d‘être guidée dans le chant depuis mon enfance par Odile, avec toute la profondeur de sa perception et son engagement profondément humain. Chaque jour, je puise dans les grandes ressources de son apprentissage pour chanter, m‘exprimer, penser également.
La classe votre discussion!