Pandora Papers et discours moralisateur faisant écran
6 octobre 2021Mon Pandora papers personnel en photo
Regarder en face les Pandora Papers ou regarder ailleurs ?
François-Xavier Bellamy est professeur agrégé de philosophie. Accessoirement tête pensante de notre monde politique. À la radio, le 3/10/2021, il déclare « Nous sommes dans une crise éducative qui… » Peut-être aurait-il dû dire « Nous vivons…Nous subissons…Nous nous inquiétons d’une crise… » De la nuance, en somme, plutôt qu’une formule passe partout. Dans la foulée, François Xavier parle de pédophilie « C’est un sujet que la société doit regarder en face et dont elle doit s’emparer. » Ouf ! Nous avons échappé de justesse au verbe « s’approprier ». Mais au fait, comment regarder en face et s’emparer dans le même temps ? Ah, ce fameux « regarder en face » qui risque de devenir un nom composé. L’art du regarder-en-face s’enseignera pour combattre la crise éducative.
On se fait son cinéma en fonction de son écran
La pensée de François Xavier culmine quand il affirme connaître la solution au problème du travail. « On ne peut plus vivre dans un pays où on peut gagner plus sans travailler qu’avec un travail. » Valérie Pécresse le rejoint lorsqu’elle déclare le lendemain qu’il faut mettre les jeunes au travail. Or, le 3 octobre dans la soirée, la même radio évoque le 12° scandale en 8 ans lié aux paradis fiscaux, les Pandora Papers. Des milliers de milliards de dollars dissimulés, soustraits aux lois, aux impôts, aux taxes. Des fonds à l’abri de toute poursuite grâce aux sociétés-écrans. Et dire que Jean-Michel Blanquer dénonce les pauvres qui utilisent la prime de rentrée scolaire pour acheter des écrans plats ! On a les écrans qu’on peut.
Onze mille trois cents milliards de mille dollars ! (dixit le Capitaine Haddock)
Les écrans des paradis fiscaux abritent les devises de 600 Français, paraît-il. D’après le journal Le Monde, de nombreux responsables politiques en exercice ou non, présidents, premiers ministres compris, profitent de ce système qui masque leurs biens. Voyous, malfaiteurs, mafieux, narcotrafiquants complètent la liste. « Mille milliards de mille sabords », comme aurait dit le capitaine. Si ces sous soutenaient l’économie mondiale, la crise éducative pourrait vraisemblablement être combattue. Les pauvres le seraient moins. Les métiers dans lesquels « on manque de bras » (Quelle expression !) seraient mieux rémunérés et trouveraient preneurs. 12 scandales révélés en 8 ans. La boîte de Pandore déverse régulièrement ses maux sur le monde. Il paraît, suivant la légende, que l’Espérance sera la dernière à en sortir.
Visa pour le paradis
Il paraît aussi que la Chine, avec Hong Kong, les USA font partie des paradis fiscaux les plus puissants et attractifs. Peut-être la Grande Bretagne bientôt. « On ira tous au paradis » chantait Michel Polnareff. Certains y seraient déjà sur terre.