Pétale

Pétale

12 mai 2024 Non Par Paul Rassat

Pétale : « Chacun des éléments foliacés, généralement colorés, qui composent la corolle d’une fleur. » Le mot pétale est bien masculin, la fleur est féminin, l’ensemble forme une image chère aux poètes et aux écologistes. Le pétale a tellement de succès qu’on en arrive à vendre des « pétales de saumon ». Fines lames de poisson qui renouvellent le carpaccio. Le pétale circule aussi dans la communication et dans l’aménagement urbain. ( En photo, le canard de Vaucanson dont les intestins prennent la forme de pétales).

Perdre les pétales ?

La bonne ville d’Annecy réorganise son plan de circulation. Les différentes zones de la ville sont considérées comme des « pétales » et il faudra faire le tour de la fleur pour passer d’un pétale à l’autre. Ces détours sont censés décourager l’automobiliste. Cette réorganisation s’inspire de ce qui se fait déjà ailleurs. D’où l’expression «  Va voir ailleurs si j’y suis » que les zélus annéciens prennent à la lettre. Il y a quelques années déjà, lors d’une réunion de L’espace citoyen du Grand Annecy, le président de la structure de réflexion proposait d’aller voir ce qui se faisait ailleurs pour apporter des solutions aux problèmes de la jeunesse locale. C’est à croire que nous ne serions pas capables de réfléchir par nous-mêmes et d’imaginer des solutions réellement adaptées au contexte local.

«  Mignonne, allons voir ailleurs si les pétales

Qui partout s’étalent

Ont point perdu ceste facilité

À vous faire circuler…

Cueillez, cueillez cette fleur étalée… »

Ronsard était un écolo annécien dans l’âme !

Originalité

Ainsi, la bonne ville d’Annecy va voir ailleurs si elle y est. Ne risque-t-elle pas d’y perdre son identité et son originalité ? Le Festival du Cinéma d’Animation ouvre ses pétales au monde entier. Il devait se rapprocher du public annécien. Les quelques jours de l’Hivernal Festival lui sont chichement consacrés. Le plan de circulation s’inspire davantage du canard de Vaucanson que d’une solution harmonieuse. Le passant va y être introduit d’un côté et en ressortira, digéré, par l’autre extrémité. Les Halles Gourmandes ? Au lieu d’imaginer un modèle local, on s’en remettrait à une société qui essème ses halles. Chaque commerçant verserait un droit d’entrée de cinquante mille euros et un pourcentage mensuel de ses revenus à la dite société. C’est pas gourmand, ça ? Les pétales, ça s’arrose !