Photographie et célébration
28 avril 2022La célébration est le plus souvent une « célébration de célébration ». La commémoration élogieuse d’un événement, d’un personnage, d’un exploit, de la beauté. Elle se confond de plus en plus avec un partage d’émotion. Cette dernière prend alors le pas sur le sujet de la célébration devenu simple prétexte. Cette forme de célébration, sous le vernis du spectaculaire et du sensationnel, nous rapproche les uns des autres en nous éloignant de ce que nous célébrons.
La véritable célébration, en revanche, nous relie si profondément à ce qui est célébré qu’elle en devient lumineuse, évidente, spontanée. Tellement évidente qu’elle porte en elle une part de mystère. Elle est ce moment de rencontre, de conversation qui montre, envahit et forcément interroge. Il n‘en resterait rien sinon.
La photo hapax
Elle rend hommage aux choses les plus simples qui, ainsi célébrées, vivent autrement par elles-mêmes et en nous. Le fugitif et l’éternel s’y côtoient. Michel Vinaver dit s’ « émerveiller du journalier. » Ces photos célèbrent des instants que tout œil peut capter sans que le cerveau les enregistre. Il s’agit de transformer l’éphémère en un temps suspendu, hors du temps. Dans la célébration fusionnent l’instantané et une part d’éternel, créant une ouverture sur le mystère à partir du quotidien, du journalier. Par définition basique une reproduction, la photo doit être unique, la célébration un hapax familier.
Photographies © Christophe Rassat https://www.instagram.com/okyo._/?hl=fr
Photographie
Littéralement, la photographie est l’écriture de la lumière. Elle fixe des photons qui circulent à 300 000 kilomètres par seconde. On peut penser que la photographie est une activité passive qui consiste à appuyer sur un bouton pour enregistrer une vue. C’est oublier les interactions entre la lumière, l’objet qu’elle frappe et le photographe. N’importe qui peut appuyer sur un bouton et capter ce qui se présente. Le photographe cherche à fixer ce qu’il voit et ce qu’il veut voir. Il intervient activement pour comprendre et lire le monde. Pour l’écrire aussi.