Protocole commotion

Protocole commotion

18 septembre 2023 Non Par Paul Rassat

Avec Protocole commotion, Mademoiselle Caroline fait du rugby un apprentissage et un pansement à la vie. Autour du ballon ovale se tisse un monde qui touche à l’amitié, à l’amour, à la profession, à la famille. Cette «  commotion » subie par une pratiquante du rugby lors d’un match, c’est cette commotion nécessaire à la prise de conscience de soi. Un choc, une coupure, une secousse qui défont les liens que nous subissons pour en créer de nouveaux, plus vrais, plus profonds.

Protocole vie

Cette métaphore, Mademoiselle Caroline la file tout au long de son œuvre. On pourrait presque parler à ce sujet de « protocole vie ». L’auteure passe en revue les protocoles dépression, accouchement, maman, épouse, fille… La vie entière y devient protocole, comme si chaque volet demandait l’attention d’une pleine conscience pour y devenir soi-même. La vie serait-elle un incessant apprentissage ? C’est là que ça devient intéressant. Par le biais de ce qui peut apparaître comme des manques, des faiblesses, des pathologies, Mademoiselle Caroline retrouve la bonne focale pour envisager sa vie.

Les rebonds de la vie

Même si Woody Allen  est une personne discutable, retenons de lui cette formule. «  La vie est une maladie mortelle sexuellement transmissible ». C’est peut-être avec cette dimension que Mademoiselle Caroline se frictionne au fil de ses albums. La vie prend, dans Protocole commotion, l’aspect d’un ballon ovale qu’il faut se passer pour avancer, sans toujours savoir comment elle va rebondir.

Le jeu du rugby et des mots

L’héroïne de l’album se nomme Malou, pour Marie-Louise, et pour «  Mal où ? » Sous des formes de dessin assez rondes, des narrations qui pourraient sembler anecdotiques, Mademoiselle Caroline glisse plusieurs niveaux de lecture que caractérise toujours une dimension profondément humaine.

Essais transformés

On notera la sortie de l’album consacré à Antoine Dupont auquel a contribué Mademoiselle Caroline. Deux approches du rugby presque opposées mais qui se rejoignent par bien des aspects. Essais transformés.

Rencontre avec Mademoiselle Caroline en dédicace chez BD Fugue Annecy.

Votre héroïne s’appelle Malou. Qu’on peut comprendre «  T’as mal où ? »

Mais oui ! Mais je n’y ai pas pensé une seconde ! L’une de mes grandes tantes était une personne super. J’ai sa photo en face de mon lit. Elle s’appelait Marie-Louise et je me suis dit que ça ferait un super prénom d’héroïne.

Et ça tombe bien. On se demande si votre personnage a mal physiquement, psychologiquement…

Mais cette histoire de mal où est très connue en psy ! Aaah, je n’y ai pas pensé !

Comment vos copines ont-elles réagi à la sortie de votre album ?

Les principales de l’équipe sont dans la BD.

Vous avez fait une mêlée avec le livre au milieu ?

Je pense organiser une séance dédicace avec elles toutes. Mais je ne voudrais pas que ça fasse prétentieux de ma part. «  Venez, je fais une soirée pour ma BD et je vous la signe ! »

Protocole

J’ai l’impression que le   Protocole commotion est une sorte de prétexte. Tout votre travail est un Protocole Vie. Protocole épouse, protocole maternité, déprime, accouchement, maman, copine…

Je n’y ai pas vraiment réfléchi. Quand on s’intéresse au rugby, on entend parler de protocole commotion. Je trouve que l’assemblage de ces deux mots est fabuleux. Il est génial ! Ce titre s’imposait pour le cas où je ferais une BD sur le rugby.

Oui, il y a le niveau de lecture immédiat, mais la plupart de vos albums sont des « protocole quelque chose ».

C’est vrai.

Que serait le protocole Mademoiselle Caroline ?

Oulala ! C’est un sujet que je ne maîtrise pas.

Un autre protocole

La conversation s’oriente alors vers le protocole de fin de vie.

S’il le faut, j’aimerais en bénéficier. Je suis à fond pour ce genre de chose. Je veux pouvoir décider, faire ce que je veux avec moi-même.

Au rugby, c’est l’arbitre qui tranche.

C’est un sport, il a ses règles. Mais sinon il s’agit de moi. Lorsque j’ai eu envie de me suicider, je n’avais rien sous la main sinon je l’aurais fait. Je m’appartiens, c’est à moi de décider !

On appartient aussi un peu aux autres.

Oui, oui, ben les autres composent avec moi.

La spiritualité, la religion s’invitent dans la conversation. Un autre protocole est sans doute à prévoir avec Mademoiselle Caroline.