Psy…

Psy…

28 décembre 2022 Non Par Paul Rassat

Le succès de la psychanalyse à la télévision tend à démocratiser et à vulgariser la chose. Talpa se sent donc autorisé à évoquer son expérience personnelle dans ce domaine. Voici deux courts textes à propos de la psy…

Mon psy va mieux

J’ai vu mon psy ce matin. Il va mieux. Avant de pousser la porte de l’immeuble pour gagner son cabinet, j’ai remarqué une annonce prometteuse en vitrine du magasin voisin « Le bonheur existe. Vous le trouverez ici. » J’ai hésité un moment entre la porte du magasin et celle de l’immeuble qui mène au cabinet de mon psy qui va mieux depuis que je lui rends visite. Je ne suis pas réellement sûr qu’il aille mieux, mais ça me réconforte de le croire. J’ai hésité. « Le bonheur existe. Vous le trouverez ici ». C’est tentant, non ?

Il était tôt, entre bonheure et malheure

Le dessin est de Jean-Pierre Collier

J’avais le choix entre trouver le bonheur ou soigner mon malheur. Mais il était encore tôt, le magasin était fermé. C’est certainement pour cette raison que mon psy me donne toujours rendez-vous très tôt. J’ai donc décidé de continuer à soigner mon malheur, mais j’ai parlé à mon psy de l’annonce faite non pas à Marie mais à moi et à tous les passants «  Le bonheur existe. On le propose en bas de votre immeuble, juste à côté. »

Il a rigolé — Vous avez vu ça dans la vitrine du magasin de sous vêtements féminins ?

—  Ah ! Des sous vêtements ? Je n’avais pas remarqué !

La vieille rengaine « Le bonheur est dans le pré, cours-y vite, cours-y vite… » est donc passée de mode, remplacée par « Le bonheur est dans le sous vêtement, cours-y vite, cours-y vite… »

Et pourquoi pas ?

Confesse (aller à)

Gamin, il m’est arrivé d’être enfant de chœur. Pour la symétrie. Parce que ça se faisait. Quand il manquait un quatrième, comme pour la belote, on venait me chercher. J’ai été meilleur à la belote mais j’ai découvert le bridge. J’ai quand même cru assez longtemps qu’il ne fallait pas mâchouiller l’hostie qui nous était présentée comme le corps du Christ, corpus Christi à l’époque. J’ai essayé un jour, craignant les foudres du ciel, de titiller la chose du bout des dents. Il ne s’est rien passé. Il me semble même qu’on pourrait envisager un régime amaigrissant à base d’hosties car l’objet doit être très peu calorique.

Dieu est un pote

 Je suis d’autant plus heureux de m’être éloigné de la pratique religieuse que celle-ci est désormais totalement désacralisée. On prie en français, la langue de Marine Le Pen, François Fillon, Nicolas Sarkozy…On communie avec du pain pas toujours craquant car trop blanc et pas bien cuit, on fait de la musique car sinon y’a pas d’ambiance. Dieu devient un pote à qui tu causes comme à n’importe qui. La différence est qu’un pote te répond généralement. Avec Dieu, c’est toi qui fais la conversation. Et puis même plus besoin de se confesser avant de communier !

De l’hostie au pain bien cuit

  Alors que chez mon psy on respecte le culte. Il s’assoit toujours au même endroit (Je me demande s’il l’a choisi avec l’aide d’un pendule ou par simple convenance personnelle), moi aussi, juste en face de lui. Je lui parle et il me répond, m’explique, me guide. Chaque séance se termine par une quête. La disparition des pratiques religieuses et tout particulièrement de la confession doit avoir un lien direct avec l’augmentation des consultations chez les psys. L’Église devrait porter plainte pour contrefaçon. Comme je vais chez mon psy très tôt, j’en profite ensuite pour acheter du pain bien cuit et bien craquant sur le chemin du retour.