Réaliser

Réaliser

31 juillet 2024 Non Par Paul Rassat

Réaliser : « Faire exister, accomplir…Exécuter ce qu’on a annoncé, promis…Convertir (des valeurs, des titres, des biens) en argent liquide, par une vente. » Mais ce verbe signifie aussi «  prendre conscience ». D’où la question récurrente des journalistes aux médaillés olympiques : «  Vous réalisez ce que vous avez fait ? »

En remportant une médaille, un sportif, une sportive réalise ses efforts de plusieurs années. Il les convertit en médaille et en récompense sonnante et trébuchante. Mais réalise-t-il que sa victoire aux Jeux Olympiques est extra-ordinaire ? En réalité, ce n’est pas sa victoire qui sort de l’ordinaire, mais les Jeux Olympiques qui chantent leur propre gloire en donnant à chaque victoire un éclat inhabituel, voire démesuré.

J’en veux pour mon argent

Le manitou de LVMH, Bernard Arnault, en mode Margaret Thatcher, déclare qu’il veut en avoir pour son argent avec les JO de Paris dont il est un partenaire privilégié. D’où peut-être cette scène, très réussie, sur la Seine : une sorte de Pégase galopant sur les flots. Cette créature fantastique aurait été chargée par Zeus d’apporter les éclairs et le tonnerre sur l’Olympe. Zeus, Jupiter, maître des foudres et des horloges, naviguant de l’Olympe à l’Élysée. Mais aussi créature ressuscitée sous la forme du Château Cheval Blanc du toujours groupe LVMH.

Réaliser en survivant

La mythologie, bonne enfant, nous montrait lors de ces tableaux d’ouverture des JO, un Philippe Katerine dyonisant, sirupeusement provocateur. Arsène Lupin fleurissait les toits de Paris, volant comme Prométhée le feu aux dieux afin de l’offrir en médailles aux athlètes et au peuple ébahi. La scène qui fait le plus débat montrait Marie Antoinette à la Conciergerie. On l’y emprisonna avant de la décapiter. Cette Marie Antoinette apparut pour les J.O en céphalophore. Mot que wikipédia nous explique ainsi : « Une céphalophorie, du grec képhalê (tête) et phorein (porter), est un épisode de l’histoire d’un personnage, généralement un saint décapité, où celui-ci se relève et prend sa tête entre les mains avant de se mettre en marche. Le personnage lui-même est appelé « céphalophore ». Guillotiné, mort, il est impossible de réaliser ce qui nous est arrivé. Sauf à être céphalophore, comme le fut Saint Denis, maître des JO. Miracle des JO!

Pendant ce temps

Pendant ce temps, le journal Le Monde titre « Le paracétamol tricolore, un enjeu de souveraineté. » Rappelons que le paracétamol est souverain contre les maux de tête, contre lesquels la guillotine fut trop radicale.

Renaissance

Cet hommage à la renaissance, politique et culturelle, dépasse heureusement le « Make America great again » de Donald. Mais, je prends soudain conscience que la question devrait être posée au Président de la République : « Vous réalisez ce que vous avez fait, Monsieur le Président, en dissolvant ? » Et que le « Ah, ça ira » entonné par le céphalophore s’adresse peut-être au même président qui apprécie les charmes de La Lanterne. Lui qui clamait » Qu’ils viennent me chercher! » Les détours de l’Histoire sont étonnants.

Photographie : la vasque des Jeuzos et le tableau d’Odilon Redon intitulé  » À Edgar Poe ( 1882) L’œil, comme un ballon étrange, se dirige vers l’infini.«