Rentrée
2 septembre 2025C’est la rentrée ; qu’est-ce qu’il vont nous sortir ? Dans le petit village du clunisois où je passe les derniers jours de l’été, la rentrée scolaire s’est bien déroulée. Aucun problème à l’école primaire. Pour la dernière année de son dernier mandat, le maire en est revenu satisfait pour les enseignants, pour les enfants et pour lui.
Yaël Braun Pivet
Comme c’est la rentrée, on interviewe sur les zondes des huiles qui puissent parler de la rentrée. Et accessoirement d’eux-mêmes puisqu’ils participent à la rentrée, à la sortie, et à la représentation entre les deux. Ce matin, 1er septembre, France Inter recevait Yaël Braun Pivet. Un enchantement. Un modèle de confusion entre le « Je » et le « Nous » qui mettrait à genoux n’importe quel spécialiste de la rhétorique. La présidente de l’Assemblée nationale rencontrait deux journalistes. Ôtons de l’entretien le temps consacré à parler du poulailler de Yaël Braun Pivet, qu’elle employa à botter en touche. Le temps de conversation fut de 22 minutes, auxquelles nous retirons 3 minutes d’intervention des deux journalistes. Restent 19 minutes pendant lesquelles YBP utilisa 87 fois la première personne du singulier. Soit environ une fois toutes les 13 secondes.
Je Nous
C’est beaucoup. C’est moins cependant que toutes les 8 secondes relevé précédemment. Madame Yaël Braun Pivet va finir par se faire flasher par les radars de la rhétorique. Ou par ceux de l’égocentrisme narcissique. Cette expression d’un moi omniprésent est d’autant plus remarquable qu’elle s’accompagne d’une volonté affirmée d’un « ensemble » ( mot prononcé plusieurs fois), d’un « nous » répété, car « Il faut se mettre d’accord sur le quoi, sur le comment ». Les mots justice, équité, négociation, efforts partagés ponctuent le propos. « Remettons de la négociation » implore YBP, comme Didier Deschamps qui parle souvent de mettre de la qualité dans le jeu et les fabricants de yaourts de mettre des morceaux de fruits dans le yaourt.
Respirons
L’éventail des moi de Yaël s’appuie sur des « moi je crois», « moi je pense, « moi je vois » qui renforcent les simples emploi d’un « Je » ne ponctuant pas assez la fonction de présidente. Et puis, à l’occasion, pour relancer le propos, un « Vous savez », expression explétive et prétérition à la fois, fait largement l’affaire. Un peu de vide entre les moi, afin de respirer un peu.
Les mots ont un sens
Pourquoi s’attacher à l’expression verbale de nos responsables et élus ? De l’acharnement ? Un parti pris ? Que nenni ! Qui avait enregistré le « alors » dans le « Casse-toi, alors, pauvre con ! » de Nicolas Sarkozy au salon de l’agriculture ? Il était tout aussi intéressant d’aller écouter Arnaud Montebourg lors d’un meeting en Haute-Savoie : effets oratoires bon marché et réactions à l’avenant de l’assistance déjà conquise. Les mots ont un sens, en politique, en religion et dans tous les domaines de la vie.
Politique et religion
D’après Odon Vallet le grec polis, qui a donné politique est apparenté au sanskrit pur désignant le rempart et la ville fortifiée. » La politique est donc le lien qui réunit tous les gens occupant un même espace. Et comme la notion d’espace a évolué depuis les premiers âges, la politique devrait réunir tous les habitants de notre planète. Le mot religion signifie « lier à nouveau », relier. La religion devrait être intelligence qui relie les hommes et lit le monde.
Jésuitisme
Or que constate-t-on ? Une enflure du moi aussi bien en politique qu’en religion. Le moi omniprésent de YBP et de bien d’autres, de tous bords, est rejoint par le moi religieux. Il n’est que de penser à ce prêtre découvrant une maison et agissant comme s’il se l’appropriait symboliquement ; imposant aussitôt ses commentaires sur le cadre ; puis sa version des préséances à table ; et enfin sa façon de concevoir la prière. » Certains la veulent en latin, dites-vous ? Qu’y puis-je ? Je ne suis là que pour rassembler tous les croyants dans le Christ. » Humilité feinte, jésuitisme maîtrisé. Le tout sous couvert de bénédicité.
Penser équilibré
Dans bien des organisations, politiques, sociales, religieuses, économiques, la dimension humaine semble être celle qui fait défaut. Un peu comme si le ver était dans le fruit dès le départ. Si les grosses légumes pourrissent les fruits du travail fourni en communion, comment continuer à manger cinq fruits et légumes par jour ?
On notera pour conclure que les intermédiaires font problème. Trump renvoie ceux qui lui annoncent de mauvais résultats. Lui-même se prend volontiers pour Dieu, comme les servants religieux de celui-ci. Et les missionnés de la démocratie (« Ite missa est ») se prennent volontiers pour celle-ci.
PS: Un autoportrait aux œufs, quoi de mieux pour accompagner cet article?