Ruissellements

Ruissellements

22 septembre 2023 Non Par Paul Rassat

Talpa aime les rencontres, les conversations. J’ai donc sollicité une interview avec le Président de la République il y a quelques mois. Plus récemment avec M. Martial Saddier, Président du département de la Haute-Savoie. Dernièrement avec Madame Frédérique Lardet, Présidente du Grand Annecy. Sans réponses. Alors Talpa s’y colle. Voici une interview imaginaire et différée avec M. Macron. Il y est principalement question de ruissellements. ( La photo montre trois articles en vente sur le site de l’Élysée).

Ça ruisselle

— Monsieur le Président, ça ruisselle.

— C’est normal. Des sommets de l’efficacité, de la production et de la consommation, les premiers de cordée arrosent le peuple. Ils l’hydratent matériellement, financièrement et lui montrent la voie à suivre. Cette aspiration vers le haut, à la fois symbolique et concrète. Quoi de plus naturel ?

On a chaud !

— Je voulais dire, Monsieur le Président, que les gens eux-mêmes ruissellent. Ils ont chaud.

 — Ce n’est pas surprenant. Les glaciers fondent, les gens ruissellent. Profitons du réchauffement climatique pour réchauffer les relations sociales. Instaurons un nouveau vivre ensemble pour faire société de bienveillance et de respect. Reprenons les apéritifs entre voisins du temps de confinement. Avec des glaçons si nécessaire. Inspirons-nous de la société d’avant pour construire maintenant celle d’après.

— Comment écrivez-vous [ aprè], Monsieur le Président ? APRES ou APPRÊT ?

— Je vous ferais remarquer que c’est à vous de l’écrire. Mais les deux orthographes sont justes. Après, temporellement, et en même temps, apprêt, c’est-à-dire qu’il faut la préparer.

— Merci, Monsieur le Président.

— Cessez de m’appeler Monsieur le Président, et de mettre des majuscules partout.

En surchauffe

— Je voulais vous faire remarquer que ça ruisselle plutôt parce que les gens sont en surchauffe.

— Le GIEC n’a pourtant pas fait de rapport du GIEC là-dessus.

— Il n’y en a pas besoin, Monsieur le Pr… Il suffit de regarder autour de soi. Les gens n’en peuvent plus. Les médecins et le personnel soignant sont dépassés par la charge de travail. Les enseignants sont parmi les plus mal lotis d’Europe. Les policiers se plaignent. Les caissières sont remplacées par des machines. Les boulangers ne s’en sortent plus…

— Je vous entends. J’ai pu déclarer naguère que je ne suis pas le père noël. Comptez cependant le nombre d’annonces à marris que j’ai faites. Le quoi qu’il en coûte (qui coûte un pognon de dingue !). L’aide à la consommation d’énergie…

Une réforme sur le feu, une !

—  Mais la réforme des retraites, Monsieur le…fait grincer des dents. Ruisseler en grinçant des dents rend la situation encore plus insupportable.

— Les Français ne peuvent pas me reprocher cette réforme des retraites. Elle figurait dans le programme sur lequel ils m’ont élu.

— Comme beaucoup d’autres mesures que vous n’avez pas prises, Monsieur le P…

— Si on devait faire tout ce qu’on promet pour se faire élire ! Les Français ne sont pas des enfants ! Vous ne trouvez pas qu’il fait chaud ? Une boisson fraîche peut-être ?

Après avoir chaussé nos pantoufles, nous sommes allés boire notre verre dans les jardins de l’Élysée en faisant une pétanque. Depuis cette conversation est passé le boulet du 49.3 sur la réforme des retraites. Comme les manifestants s’arment de boules de pétanque, celles-ci sont désormais interdites. Reste la possibilité de boire un verre.