Saint François de Sales. Sa ville, son œuvre

Saint François de Sales. Sa ville, son œuvre

4 octobre 2022 Non Par Paul Rassat

Rencontre avec Bernard Demolis pour évoquer l’exposition que la médiathèque de Bonlieu consacre à Saint François de Sales.

L’esprit de l’exposition

L’esprit de cette exposition ? Profiter du quatrième centenaire pour mettre en valeur un personnage qui est très présent dans nos collections depuis longtemps. Nous sommes une bibliothèque publique, mais nous avons le legs Léon Galle qui date de 1915. Il a enrichi notre collection de 56 ouvrages précieux. La plupart datent du XVII ème siècle. C’est le siècle d’or de ce qui a été publié sur Saint François. Le culte populaire s’est mis en route dès 1622. La béatification et la canonisation qui  ont suivi une quarantaine d’années plus tard ont encore enrichi l’édition.

Léon Galle

Léon Galle

Léon Galle était un bibliophile lyonnais. Il s’est plongé dans les livres dès l’enfance car il avait des problèmes de santé. Passionné de livres anciens, il a fondé une société de bibliophiles lyonnais regroupant aussi des historiens locaux. Ceci leur a permis de rééditer des textes anciens, souvent dans de belles éditions. Lors d’un séjour en Savoie il découvre François de Sales. Il a d’ailleurs écrit un texte qui évoque sa quête pour acheter le tout premier livre de sa collection salésienne. Connaissant le rôle de François de Sales à Annecy, il décide à la veille de sa mort, de léguer sa collection à la bibliothèque publique d’Annecy. C’était une forme d’ouverture car il aurait pu léguer les livres à une autre bibliothèque.

Les livres

Le fonds Saint François de Sales dont nous disposons actuellement dépasse sept cents ouvrages. Nous continuons à l’enrichir. Cette exposition ne montre que les plus beaux exemplaires. La plupart viennent du legs Léon Galle. D’autres du legs antérieur d’un libraire annécien, Burdet. Nous avons ainsi des doublons, mais ils offrent l’intérêt d’être reliés différemment. Le fonds le plus précieux est protégé. Les autres ouvrages sont facilement accessibles. Nous avons, par exemple, l’intégralité des ouvrages de Saint François. Vingt-sept volumes qui sont régulièrement consultés. Les spécialistes nous indiquent ce qu’ils y cherchent. Nous voyons ensuite, dans les publications, l’usage qui en est fait. Parfois très pointu.

Re –découvrir François de Sales

Avez-vous appris quelque chose en organisant cette exposition ?

J’ai pu me pencher davantage sur le personnage qu’était Léon Galle. Beaucoup d’informations le concernant sont accessibles. Sur Saint François, il y a une partie de « révision ». Certaines personnes nous disent  «  J’étais à Saint Michel…Je retrouve certaines choses. » Mes collègues et moi avons pu relier des lieux à l’histoire de Saint François. Je connaissais très peu l’œuvre. J’y ai découvert pas mal de choses sur la nature. Sa vision était un peu  naïve mais moderne. À son époque la nature faisait plutôt peur. Lorsqu’il passe à Chamonix, il parle de ces monts affreux, de la chèvre qui est tombée dans le gouffre.

Susciter la curiosité

L’esprit de Saint François, la démarche de Léon Galle… on perçoit que les livres sont toujours vivants.

Ça se voit au comportement des gens. Certains y passent du temps, lisent tout. D’autres nous disent leur intérêt. L’exposition court sur quatre mois ; il y a de quoi les satisfaire. Pour nous, bibliothécaires, il y a la satisfaction de montrer ce qui est habituellement caché. Nous mettons en avant un autre aspect de notre métier. Le public peut à l’occasion s’initier à certaines techniques du livre.

Un Saint François humain, accessible

Nous avons recréé un environnement au lieu de simplement donner des livres au regard. Nous avons ainsi ressorti la vieille gravure datant de 1600, contemporaine de Saint François. Le public y réagit beaucoup, commente.En face, la frise montre concrètement le parcours de Saint François de Sales à Annecy. Il s’agissait de montrer la vie et l’œuvre du personnage dans la ville. Ces éléments ancrent le contenu des  livres. Une exposition de ce type nécessite un travail de plusieurs mois qui s’ajoute à une longue réflexion préalable.  Nous sortons alors du travail courant, quotidien. L’apport d’un graphiste nous a permis de mettre en place une démarche cohérente qui éveille la curiosité de nos différents publics. Les enfants ont souvent des étoiles dans les yeux en découvrant ces trésors. Le recours à l’image y contribue.

Saint François pourrait paraître austère. C’est à nous de trouver des biais pour le montrer humain, accessible.