Salon des horlogers indépendants à Genève
25 mars 2023Les horlogers indépendants tiennent salon pour y concentrer leurs créations. Souvenir de cette anecdote. Un client se plaint à son horloger : la montre qu’il a achetée ne donne pas l’heure exacte. L’objet montre un décalage constant avec celle-ci. Réponse du fabricant : « Si vous voulez l’heure exacte, consultez votre téléphone. » Boutade, bien sûr. Mais c’est une façon amusante de dire qu’une montre est bien davantage qu’un outil à donner l’heure. Un bijou. Un élément de référencement social. Dans la Genève protestante, le luxe se doit d’être discret. La montre que vous portez vous situe infailliblement en respectant la discrétion de mise.
La mise en abyme des mécanismes
Pour les physiciens, le temps n’existe pas. Nos montres mesurent non pas le temps, mais la durée. Une façon, peut-être, de rappeler notre finitude mortelle. Si possible avec classe. La montre quelconque nous soumet directement à un emploi du temps dont nous devenons l’instrument. Le bijou constitue un jeu, une sorte d’appropriation personnalisée de ce qui mesure nos propres vies. Ce jeu de miroirs nous renvoie aussi à l’idée que nous sommes nous-mêmes des mécanismes porteurs de mécanismes plus ou moins sophistiqués à nos poignets.