Shrinkflation

Shrinkflation

5 janvier 2023 Non Par Paul Rassat

( Les portraits, emballages humains donc shrinkflation à leur façon, sont de Franz Schimpl)

Rachida D., que pensez-vous de ce phénomène dont tout le monde parle aujourd’hui, la shinkflation ? La réduflation en français.

— L’inflation cachée ?

— Oui.

— Elle doit rester cachée. C’est une pratique intime et il ne faut pas céder au voyeurisme en la matière. Elle doit rester la plus discrète possible.

— Je vous entends bien. Mais elle contribue parfois à l’ascension sociale et politique de la personne qui la pratique. Donc à une élévation publique.

— D’autant plus ! Si vos dents rayent le parquet, on ne doit ni les voir ni les sentir. Et c’est comme ça que vous finissez par diriger le parquet en question.

— Il paraît que l’emballage est primordial.

Tout est affaire d’emballage dans la shrinkflation

— Exactement. Il faut envelopper délicatement l’objet au début de l’action, mais c’est l’emballage final qui prime. Je me souviens d’un roman de Jean-Paul Dubois. Mes fonctions m’ont parfois laissé beaucoup de temps pour la lecture. Une jeune-femme y parvient à un emballage final en dix secondes. Record du monde du cent mètres à l’époque ! J’ai atteint 9,58 ! Le record d’Usain Bolt. Mais là, je vous le dis, il faut une coordination impeccable. C’est du boulot.

Jules Édouard

— Et vous, Jules Édouard, qu’en pensez-vous ?

— Je ne suis pas partisan de ce type de pratique. Le client doit en avoir pour son argent. Il doit plutôt avoir l’impression qu’il en a pour son argent. L’emballage ne doit pas être trop rapide parce qu’il peut entraîner une forme de frustration. Il faut le temps d’apprécier le produit. Là où je rejoins Rachida D., c’est qu’il ne faut pas montrer les dents. Il ne faut pas se montrer agressif, sinon le client fuit. Et s’il fuit trop vite, comme je le disais, il est frustré. Je pense que nous avons intérêt, Rachida D. et moi, à échanger nos expériences personnelles. Elle a beaucoup à m’apprendre, je crois, en matière de maîtrise de l’érection des coûts (coups).