Un nouvel album pour Boulevard des Airs
15 mars 2021Avec son 5ème album Loin des yeux annoncé pour le 26 mars chez Sony Records, Boulevard des Airs continue une route faite de rencontres, de relations aux autres, à la nature. Des émotions, des questions essentielles chantées en toute simplicité. Nature, quoi!
Un album qui pose la genèse du groupe
Vous vous ennuyiez tellement au lycée que vous vous êtes lancés dans la musique ?
Non, notre musique ne vient pas de l’ennui mais de l’envie. Pire encore : on ne savait pas faire autre chose ! Les chansons sont notre savoir faire. On n’avait pas encore le bac quand on a créé le groupe. On allait avoir le bac, faire quelques études, s’amuser avec des répétitions et des concerts. Tout ça nous a quand même bien dépassés. C’est devenu notre métier. Bien que ce soit notre 5ème album, en écrivant et en revoyant nos chansons, on a éprouvé beaucoup d’émotions, des frissons partagés. C’est fabuleux, une chance inouïe!
Cette envie se ressent dans toutes les chansons de cet album, avec de l’énergie et une forme de fraîcheur qui explosent sur scène.
Sur scène, on n’est « Plus tout à fait les mêmes et nous vraiment. » On rentre dans une sorte de transe alors que nous sommes très réservés dans la vie quotidienne, très discrets. Quand je suis sur scène, en revanche, on me demande ce que j’ai pris comme drogue.
Une touche artisanale
On sent aussi une forme très sympathique d’artisanat dans votre démarche.
Nous avons toujours été des artisans et avons tout fait à la maison. C’est là qu’on a appris à jouer, à nous servir du numérique, des ordis, des logiciels. Ce côté artisanal est encore plus marqué sur cet album.On entend les imperfections des inédits . Pendant le confinement, je me suis retrouvé dans le cagibi, chez ma copine. C’est là que j’ai enregistré la voix pour À nos belles années.
Enregistrer confiné dans un cagibi pendant un confinement général, ça vaut une psychanalyse ? (rires).
C’était très spontané. On l’a gardé tel quel. Dans Au début de vos lettres, je mets en avant le côté fait main, cette relation vraie à laquelle on peut ajouter le cœur. Quand on ne le fera plus avec le cœur, on ne le fera plus du tout. Je retombe sur ces lettres et je me dis « C’est trop beau ». Cette chanson est une manière de dire merci à ceux qui les ont écrites. Un juste retour des choses.
La nature et la relation aux autres
Boulevard des Airs pourrait prêter à confusion phonétiquement. Ce boulevard n’est pas désert, vous avez avec vous Yannick Noah, Vianney, Patrick Bruel,Jeremy Frerot, , Lola Dubini, Claudio Capéo, Gauvin Sers, Tibz,, Doya, Patrick Bruel, Tryo.
Oui mais quand on a créé le groupe, le boulevard devant nous était vraiment désert. Aujourd’hui ça va mieux.
Rechercher l’équilibre
Loin des yeux constitue une sorte de bilan, un regard vers le passé et vers l’avenir, un entre-deux avec douze créations et douze reprises. Un équilibre se crée.
En faisant cet album pendant le confinement, on ne savait pas où on allait. On s’est dit « On prend ce qui vient et on verra plus tard. » Et plus tard, on s’est retrouvés avec plein de chansons qui revisitaient notre répertoire. Autour d’elles se créait une cohérence : on présentait nos copains, notre histoire.
Le premier morceau s’appelle Et nous vraiment. C’est la genèse du groupe, le début. C’est donc un regard vers le passé et l’album se termine par « Que tout ça recommence. »
Spontané et nature. Vous construisez un ensemble de relations avec les gens, avec la nature. Vous êtes toujours en conversation, vous interpellez, vous demandez, vous êtes au centre d’un réseau.
Dans les autres et dans la nature il y a tout ! A propos de réseau, nous rappelons les gens que nous apprécions le plus dans le métier. Le groupe Tryo, par exemple, qui nous a fait confiance et nous avait invités en première partie.
La drogue, c’est la scène et le public.
Bien sûr, c’est la scène elle-même. La question que je pose est « Est-ce qu’elle nous transforme, est-ce qu’elle nous rend nous-mêmes ? » Je n’ai pas la réponse. C’est sans doute les deux, c’est pour ça que j’ai insisté sur le et, « et nous vraiment. »
Une balance entre la nostalgie et l’espoir
Vous vous posez bien d’autres questions. Celle de l’utilité des chansons, par exemple.
Cette question me passionne. J’ai un côté pessimiste. Il m’arrive de me dire « À quoi bon tout ça ? Les chansons ne changeront jamais le monde. » Et parfois, à la fin d’un concert, quelqu’un me dit qu’une chanson a changé sa vie ! Ça m’étonne, ça m’émeut, ça me donne des frissons. Je me dis qu’il faut continuer, que si on ne change pas le monde, à force de changer un petit truc par ici, un petit truc par là, c’est bien.
Même quand vos paroles sont plus dures, quand elles dénoncent la bassesse de la France, la musique reste légère, fraîche et entraînante. L’ensemble n’est jamais pessimiste ni triste.
C’est vraiment notre particularité, l’identité de Boulevard des airs. Ça n’a jamais été calculé, jamais été une stratégie. Le mix entre mélancolie et espoir est permanent. Nous avons eu l’impression de raconter des trucs tristes alors que les gens nous remerciaient de leur avoir redonné le sourire.
On revient à l’idée d’échange, d’entre-deux, avec le passage du parlé au chanté aussi. Tout ça donne l’impression d’être créé en temps réel.
Sur cet album c’est venu comme ça. Bien souvent d’ailleurs les premières prises étaient les bonnes. Je recevais la musique, j’écrivais, je posais la voix dessus et la première prise était toujours la meilleure. Quand ça se passe comme ça, c’est merveilleux.
Vous traitez de questions profondes comme le temps, la mémoire, le sens de la vie, la mort mais toujours de manière très simple et avec ce ton enlevé. L’intérêt de votre travail est là aussi.
Je suis heureux que ce soit perceptible. La légèreté est notre manière d’être. On ne se prend pas pour qui on n’est pas.
Vous cherchez, vous vous cherchez au lieu d’affirmer.
Toujours. Et j’espère ne pas devenir trop con en vieillissant.