« Une question de taille »
4 janvier 2023Extraits de lecture tirés du livre d’Olivier Rey Une question de taille. Comme d’habitude, Talpa aime grappiller quelques passages, histoire de donner éventuellement envie à ses lecteurs d’y aller voir par eux-mêmes. (Photo : une araignée de taille).
La tradition
« …la tradition…, en son cœur vivant, n’est pas respect du passé parce qu’il est passé, attachement entêté à ce qui fut, mais expression de l’intemporel dans le temporel, attention dans le temps qui passe à l’éternel présent, à ce qui est à jamais valable…L’avenir est ménagé, autant qu’il peut l’être, non par la volonté de l’assurer, mais par la juste mesure respectée pour elle-même au présent ; non par l’empressement à bouleverser le monde pour qu’il réponde à nos désirs et devienne un paradis, mais par la reconnaissance que nous inspire le monde qui nous a été offert. Quand on reçoit un don, la première chose à faire est de voir le don. C’est le manque de gratitude qui conduit à négliger, décrier ou avilir…ce qui nous est donné…
Célébrer le présent
Ce qu’il (Ivan Illich) entendait cultiver en lui-même et avec ses amis n’était pas tant l’impuissance qu’une renonciation au pouvoir, une renonciation restituant la perception et le sens de l’ici et du maintenant, en lien avec l’éternité. « Le sentiment d’être à même de célébrer le présent et le célébrer de la façon la plus humble qui soit, parce que c’est beau et non parce que c’est utile pour sauver le monde, pourrait créer la table du repas qui est à l’opposé de cette danse macabre de l’écologie, la table du repas où l’on célèbre en conscience le fait d’être au monde en opposition à celui d’être « en vie »….
Avoir les pieds sur terre
« Quand on ne fait rien, on croit qu’on est responsable de tout » (Sartre Les Séquestrés d’Altona) ; réciproquement, quand on croit qu’on est responsable de tout, on ne fait rien ou très peu. Noyés dans le général, effarés par l’universel, nous n’accomplissons plus ce qui est à notre portée. Nous déplorons la destruction de la forêt tropicale que nous sommes incapables d’empêcher, et nous laissons défigurer notre environnement immédiat que nous pourrions défendre, nous laissons massacrer l’endroit où nous avons grandi…c’est la négligence envers ce qui est en notre pouvoir qui a permis et permet aux ravages d’être perpétrés. La prétention à sauver la planète, à préserver la biosphère, n’est qu’un prolongement de l’attitude qui conduit à la dévastation générale. La terre sous nos pieds est un sol vital, non une planète, nous vivons parmi des plantes et des animaux, non dans une biosphère…Le bon comportement est inspiré par la décence, par le sens de ce qui convient, non par la responsabilité. »
L’écologie, c’est fun…
Au Grand Bivouac d’Albertville 2021, Jean-Louis Étienne déclarait « L’écologie, c’est fun ». Et il avait raison. La bonne taille, le bon angle aussi.