Voix , Valérie Hayer, s’en frayer une.

Voix , Valérie Hayer, s’en frayer une.

7 juin 2024 Non Par Paul Rassat

Quand vous voulez aller à la pêche aux voix, soignez la vôtre. Entendu longuement Valérie Hayer sur les zondes. Son phrasé frise l’apnée. Le résultat en est stressant. Valérie est d’ailleurs dans l’air du temps. Il faut parler vite pour contrer, voire prévenir la contradiction. Cette nouvelle génération –les précédentes valaient-elles mieux ? — semble réciter des dossiers. Ceci donne l’impression de se trouver en permanence devant un jury universitaire. Les mots défilent. Je te submerge, je te noie pour montrer que je maîtrise le sujet. ( Photo : les sièges sont prêts, ne manquent que les voix).

Parole, parole…

Assez vite l’auditeur arrive à saturation. Parole, parole dit la chanson. Quelques ponctuations permettraient peut-être de reprendre pied. Mais les «  Vous savez, moi je » ressemblent davantage à des balises personnelles qu’à des repères dans la communication. Et puis, et puis Valérie Hayer reprend régulièrement son souffle. Ça passe par le micro. On l’entend. Ceci confirme l’impression qu’elle débite son discours en apnée. Toute candidate, tout candidat devrait suivre des cours pour poser sa voix. Par contre coup, sa pensée pourrait peut-être se poser aussi. François Hollande fut un Président discutable ; il est un excellent humoriste. Sa voix est faite pour ça. Sarkozy a la voix d’un imitateur. On ne sait pas très bien où il est. Quant à Macron ! Entre prêcheur et prêcheur, avec quelques virulences censées réveiller.

La réalité ?

Revenons à Valérie Hayer. «  Giorgia Meloni, c’est quoi ?…Pardon mais…C’est ça, Giorgia Meloni. » Thèse, anti thèse, synthèse. Articulation en trois temps, universitaire, en apnée, sans respiration, avec remontée très brève à la surface du monde pour replonger dans les dossiers.

Quelle relation au monde, à la réalité, aux gens ? Comment Valérie Hayer se situe-t-elle dans le monde en dehors de cette parole qui semble fabriquée ? En quoi sa parole nous relie-t-elle à la réalité que nous respirons, que nous sentons, que nous vivons ?

Ça défile

Ces discours politiques donnent l’impression que l’on fait défiler le monde sous forme de dossiers. Comme le souligne Éric Chauvier, on ne pointe plus du doigt, on ne peut plus montrer le monde, on se contente de le faire défiler. Le pouce n’est plus ce doigt opposable aux autres qui caractérise l’être humain, il est l’ outil qui permet d’utiliser les écrans, avec l’index. L’écran a remplacé les autres doigts. Il est devenu la réalité que nous partageons.  Les discours défilent, les élections défilent, les écrans s’enfilent.

Sabords de tous bords

Valérie Hayer et d’autres soutiennent un plan de relance de mille milliards d’euros. « Mille milliards de mille sabords ! » aurait explosé le capitaine Haddock, perdu dans ce passage permanent de bâbord à tribord qui interdit de regarder la réalité en face sinon par écrans et dossiers interposés.