ZEP « Ce que nous sommes »

Pensées très libres à partir de l’album de ZEP

Une partie de l ‘humanité a « rationnalisé » le travail et, par contre coup, l’ensemble de sa vie. Ceci a permis une croissance que l’on a confondue avec le bonheur. Je crois // croîs, donc je suis. » Plus tard, on nous a vendu des voitures suréquipées, traduction de cette approche du bonheur croissante et de la croissance heureuse. La performance est devenue la norme. Tous  Stakhanov ! Avec camps de vacances l’été pour compenser. Ski l’hiver pour ceux qui en ont les moyens. Activité interdite aux humains moyens en manquant.

Pourriez-vous m’augmenter ?

Ce fut ensuite le tour de la réalité augmentée et enfin celui de l’humain augmenté. « La vie augmente », dirait l’autre. Il faut vivre à flux tendu et supervitaminé. Recours donc à la technologie, aux data, aux expériences (le mot est important) enrichies par la réalité augmentée, par le métavers et les ersatz surgonflés.

« Ce que nous sommes »

Las ! Une fois débranché, le héros de ZEP se rend compte qu’il n’est rien sans ces artifices. Rien dans la société telle qu’elle est conçue.

Regard philosophique

Les animaux dénaturés de Vercors interrogeait la frontière entre l’homme et le singe. Ce que nous sommes interroge la frontière entre nous et nous-mêmes via les outils que nous inventons, qui nous inventent et nous en rendent dépendants. En permaculture, on évite les intrans qui créeraient une dépendance. Alors, permettre la permaculture humaine ? On s’interroge sur l’intelligence artificielle. ZEP en est déjà à l’inconscient numérique, aux cyber-synapses.

Technologie, modèle de société

Bien au-delà de la condition de chacun, cet album parle de modèle de société. La lutte des classes devient un fossé entre les humains augmentés et les autres. Le branchement des premiers aux ressources numériques consomme la plus grande partie de l’énergie disponible pour tous. Les autres sont rejetés à la périphérie de la société. En cessant de s’adapter à son environnement  et en le maîtrisant, l’homme a cessé d’évoluer. Il lui faut se déconnecter de son petit moi afin de se reconnecter à toute la nature…et aux autres par l curiosité, les sentiments, l’amour.

La part du hasard et la culture

Le hasard étant une connexion naturelle, il conduit Talpa vers le roman d’Andreï Kourkov Le concert posthume de Jimi Hendrix. Un capitaine du KGB aurait aidé à faire enterrer la main droite de Hendrix au cimetière de Lviv. Page 19 de l’album de ZER, il est question de revivre dans le métavers Woodstock et la prestation qu’y donna Hendrix. L’art, la littérature, ne constituerait-il pas une connexion particulièrement féconde et augmentée à soi, aux autres, aux réalités présentes  et possibles ? Voir aussi, de ce côté-là Les derniers jours d’un immortel de Fabien Vehlmann.

PS

ZEP dédicacera son album à Annecy pendant le Festival du Cinéma d’Animation.