Comte-Sponville, la morale et l’arithmétique
14 mars 2023La morale et l’arithmétique
Ce jour pérorait André Comte-Sponville sur les zondes. Il était question, entre autres sujets, de la réforme des retraites. André soutient que cette question ne relève pas de la morale mais de l’arithmétique.
Père, gardez-vous à droite…
« À droite et au gouvernement on justifie cette réforme des retraites par la valeur travail. Sauf que le travail n’a jamais été une valeur morale. Le travail, c’est une valeur marchande. C’est pour ça qu’on le paye…On ne vous paye pas pour être juste, aimant ou généreux… À droite on se trompe en parlant de morale. »
Père gardez-vous à gauche…
« À gauche on sous-estime l’éventuelle nécessité…C’est le travail qui crée de la richesse. »
Au centre, en philosophie éclairée
« La réforme des retraites, c’est pas du tout une question de morale…C’est d’abord un problème économique…Notre système de répartition, ça veut dire que ce sont les actifs qui cotisent, qui payent pour financer les pensions des retraités…IL y a de moins en moins d’actifs et de plus en plus de retraités. Ça pose un problème qui n’est pas moral mais qui est arithmétique. » Et c’est ainsi qu’avec André, les bons Comte font les bons amis. On se souvient de Luc Ferry, philosophe lui aussi, relevant, à propos du livre de Stéphane Hessel, que l’indignation ne relève pas de la philosophie. Le philosophe est carré. Il décrète, juge…Mais toujours objectivement.
Tout est dans l’emballage
Olivier Dussopt croyait bon de rappeler que la réforme des retraites est de gauche. André Comte-Sponville souligne son parcours à gauche. Talpa a toujours plaisir à rappeler cette jeune femme se plaignant de fortes douleurs lors d’un accouchement. On lui répondit que c’était impossible puisque c’était un accouchement sans douleur. C’est comme Port Salut, c’est écrit dessus !
Réponse au philosophe
Cher André Comte-Sponville, si la politique relève de l’arithmétique exclusivement, bientôt les ordinateurs suffiront à gouverner le monde.
Petit jeu d’arithmétique
Voici les extraits d’un mail envoyé il y a quelques années à Cédric Villani et une partie de sa réponse
Cédric Villani
L’une des difficultés des mathématiques semble être leur langage. J’ai dû écrire le signe = des milliers de fois avant de me demander ce qu’il signifie vraiment. Si 2+2=4, c’est que le résultat de l’addition n’est pas 4, mais son égal. Don Juan, lui, déclare, « Je crois que deux et deux sont quatre, Sganarelle, et que quatre et quatre sont huit. » C’est drôle, Don Juan, spécialiste de la dissimulation et de la tromperie n’est pas dans l’équivalence quant il parle de mathématiques, mais dans l’affirmation absolue, dans l’existence indiscutable Reste le 2 et 2 font 4. Assemblage, bricolage.
Ce petit jeu de l’esprit autour de l’égalité me suit depuis quelques années, c’est pourquoi je me tourne vers vous afin de savoir ce que vous en pensez.
Réponse de Cédric Villani
Oui, le langage est une question majeure dans l’affaire (Cf. Wittgenstein). Si l’on va au fond des choses, la signification du signe = est délicate; voir les interrogations des logiciens du début du 20e siècle (Russell, Whitehead etc.) Cependant il est parfois préférable de ne pas se faire trop intransigeant. C’est indéniablement vertigineux quand on se pose la question à fond !
Cédric Villani
Vertige de l’amour !
Vertige de l’amour chantait Bashung qui avait le sens de la contrepèterie. Si nous réduisons le vertige à l’arithmétique, que reste-t-il du plaisir de la vie, de la pensée imprégnée d’humanité ? Quelle place pour l’imagination fraternelle ? Puisque d’imagination il est question et que le secteur du luxe est en pleine expansion! Pourquoi ne pas confier la gestion des EHPAD et des retraites à nos amis Arnault et Pinault?