Le Grand Bornand au vitriol et à l’arsenic

Le Grand Bornand au vitriol et à l’arsenic

22 mars 2023 Non Par Paul Rassat

C’est au vitriol et à l’arsenic de l’humour que La Sauce Bornandine passe le Grand Bornand. Sans toutefois passer les bornes du rire si nécessaire alors qu’une autre Borne réduit la réalité et les personnes à des chiffres. Un humour qui gratouille pour libérer. Les 14, 15 et 16 avril.

Entretien avec Thierry Guillemin

À quelle sauce les gens du Grand Bornand vont-ils être cuisinés cette année ? Elle va être redoutable ?

Nous nous servons de celle de l’an dernier  et la réactualisons pour en renforcer le goût. Nous allons plus loin dans le format du Saturday Night Live. Des sketches entrecoupés de fausses pubs, de bandes annonces, de faux vrais ou de vrais faux reportages…

Personne ne vous poursuit en justice pour diffamation ?

Pas pour l’instant. Nous évitons de dire des mensonges. Ce que nous racontons repose toujours sur un fond de vérité développé avec une extrême mauvaise foi. Exagéré dans le mauvais sens.

L’humour aide à faire passer la sauce à l’arsenic.

Nous ne nous livrons à aucune attaque directe. Pas de noms cités en dehors de celui de notre cher et tendre maire. Il n’y a d’ailleurs aucune attaque mais nous constatons des faits ou des comportements border line, voire carrément délirants. Dans la même phrase nous pouvons être pour et contre la même chose [la vérité doit bien se trouver quelque part entre les deux] avec une parfaite mauvaise foi.

Une gentille schizophrénie.

Oui. Nous sommes capables d’attaquer les écolos et leurs pratiques en dénonçant ceux qui ne respectent pas les règles de base de l’écologie pourtant évidentes et indispensables.

Vos sources sont inspirées des valeurs que citent nos dirigeants !

Nous sommes bourrés de bonnes intentions. Elles ne sont pas toujours exprimées de manière très positive mais nous sommes bourrés de bonnes intentions ! Nous ne nous posons pas en donneurs de leçon mais souhaitons faire réfléchir, au moins à quelques situations qui nous paraissent extravagantes.

Vous prenez le recul de l’humour pour creuser ce qui semble évident et masque la réflexion.

Nous reprenons aussi des situations ou des faits abordés précédemment, un peu comme des personnages récurrents, une sorte de fil rouge.

Serait-il par hasard question de ski ?

Il est question de ski, beaucoup de biathlon. Une coupe du monde a fait beaucoup de bruit au Grand Bornand. Il est question de neige, d’absence de neige…

Il paraît que la prochaine édition sera disputée par des skieurs artificiels.

Oui, sur de la vraie neige.(rires).

Est-ce qu’une personne de passage peut comprendre le spectacle ?

On peut rire sans tout comprendre. De plus en plus, les informations et les fausses informations passent partout, même si certaines sont spécifiquement bornandines. Désormais nous avons des spectateurs de La Clusaz. Ils prennent plaisir à venir se faire laminer ici. Et puis les communautés de communes ont ouvert le regard sur ce qui se passe autour : Thônes, Entremont…Tout le monde en prend pour son grade. Les gens ressortent assez contents de ce spectacle gentiment grinçant.

Vous jouez le rôle du bouffon du roi. Vous dites tout haut ce que les autres pensent sans oser le dire.

C’est exactement ça. On vient d’ailleurs souvent nous raconter des histoires pour enrichir notre base de données.

Vous abordez aussi des faits de portée nationale ? Comme les retraites.

Bien sûr. L’an dernier nous traitions le premier tour des élections présidentielles. Nous parlons un peu des retraites, mais les choses vont tellement vite qu’il est difficile de les caler en vue d’un spectacle. Il nous faut quand même les travailler un peu en répétition.

La conversation se poursuit, dans la plus totale bonne humeur. Au point que Talpa imagine ce que donnerait un spectacle à «  La sauce annécienne ». Une sorte de poil à gratter lacustre mêlant le Grand Annecy et les petits travers.