Supermarché. Super charmé?

Supermarché. Super charmé?

23 mars 2023 Non Par Paul Rassat

Le marché ne suffisant plus, on a inventé le « supermarché ». En quoi le supermarché est-il super ? Vous en avez rêvé, le supermarché l’a fait. Ce qui occupe tout un quartier d’une ville orientale, le souk, vous accueille en un espace limité, clos, avec parking et tout ce qu’il faut pour attirer le chaland. Parfois, le personnel porte un teeshirt avec «  Je suis à votre service »… On soigne l’accueil afin que le client se sente chez lui, décontracté, la bourse ouverte.

La réalité

Depuis quelques mois, un supermarché voisin de la taupinière est en travaux. La direction de l’enseigne a jugé plus judicieux de ne pas fermer pendant la rénovation et l’agrandissement. Le chiffre d’affaire en aurait souffert. Alors on déplace les rayons au gré de l’avancement de la rénovation. Joyeux parcours du combattant pour s’y retrouver. Sur bruit de scie, de perceuse, de marteau. Le personnel ? C’est là que la manipulation des esprits touche aux cimes enneigées du ruissellement.  Dans un premier temps, les employés se plaignaient que les jeunes, feignasses, ne veulent pas bosser. Ils préfèrent rester chez eux à ne rien faire en touchant presque autant qu’en travaillant ! L’endoctrinement est  tel que celles et ceux qui bossent pour pas grand-chose pensent d’abord à accuser les autres de paresse plutôt qu’à demander un salaire plus élevé et de meilleures conditions de travail.

La durée

Et puis. Et puis, les mêmes employés commencent à en avoir marre de venir bosser à 5 heures du matin pour redéplacer ce qu’ils avaient déplacé la veille.  Il leur est interdit de discuter entre eux pendant le travail. On pointe des remarques désobligeantes, sexistes. De temps à autre passe le « Boss ». Grand, ventripotent, imposant, il parle fort, donne des directives, téléphone en gueulant. Les caisses automatiques font leur apparition. Tous les produits sont emballés. Fromage et charcuterie débités,  sous plastique. Et l’on vous parle de  «  la relation client ». Tout ça, c’est pour le client nous dit le directeur du magasin.

Ça se confirme

Comme aime à le souligner Talpa, la langue peut dire ou cacher. «  Faire société », «  le vivre ensemble », «  la relation client » font partie de ces cache-misère qui fleurissent comme champ de roses en plein désert. On attendrait presque un nouveau Petit Prince.