Beate et Serge Klarsfeld
23 mai 2023Le livre réalisé par Pascal Bresson et Sylvain Dorange s’intitule « Beate et Serge Klarsfeld, Un combat contre l’oubli ». Il ne s’agit pas de chipoter, mais ce combat se situerait plutôt pour que contre. Pour la mémoire, pour la vie, pour la conscience, pour l’éducation.
Unis dans l’action et dans la vie
Il est passionnant et remarquable de voir à quel point ce combat réunit Beate et Serge dans un même couple, dans une même démarche exigeante. Ils font partie de ces gens pour lesquels la cause qu’ils défendent, leur vie, leurs discours et leurs actions forment harmonie. Tout est cohérent. Des vies performatives, en quelque sorte, sans déperdition entre l’intention et l’action, la parole et les actes.
Beate et Serge ont activement participé à l’élaboration du livre. Ils ont apporté ces détails, ces précisions qui nous les rendent très proches. Le dessin de Sylvain Dorange est sobre, au service de l’histoire et de l’Histoire. Aucun effet qui alourdirait la lecture.
Une concentration de l’Histoire
Deux pages d’une densité extraordinaire concentrent tout l’enjeu de ce livre et de l’engagement des Klarsfeld. « Colonie d’Izieu. Petit village de l’Ain. 6 avril 1944. » Deux pages, 79 et 80, plutôt grises, sombres. Le contraste entre le mouvement des véhicules allemands et le calme de la colonie. Dix dessins et tout est dit, fini ! « À leur descente ( à Birkenau) le ciel est rouge… Les enfants seront tous gazés dès leur arrivée. » Sur l’obscure grisaille de la guerre, le rouge du ciel de Birkenau, le rouge du brassard nazi de Klaus Barbie.
Harmonie performative
Sylvain Dorange trouvera-t-il de nouveaux sujets à traiter ? Après Gisèle Halimi, Beate et Serge Klarsfeld, qui pour illustrer cette adéquation entre la cause défendue, la parole et les actes ? Les causes ne vivent que par celles et ceux qui les incarnent, qui les portent. La lecture de cet album s’impose encore davantage quand défilent à Annecy de très sombres souvenirs.