Morceaux
9 juin 2023Nos vies seraient-elles devenues un assemblage de morceaux ? Le morceau est au départ, une partie d’un aliment solide que l’on arrache ou coupe avec les dents. Et à force de compétition, il nous faut toujours emporter le morceau pour être au niveau. En musique, on ne vous joue pas un air, une chanson mais un morceau. Morceau créé par la morsure. Il faut mordre dans la vie !
Le travail en morceaux
Taylor et d’autres depuis étant passés par là, le monde du travail est en morceaux. La chaîne ne réunissait pas, elle séparait, fragmentait pour rentabiliser. Et notre monde du travail est lui-même en morceaux. Le travail a été remplacé par des missions ponctuelles, des objectifs à atteindre. Un savant découpage qui, la plupart du temps ne fait sens que pour le tiroir caisse.
Les bas morceaux
Dans les magasins pour ceux qui sont en bout de chaîne du ruissellement, admirez les barquettes offrant toutes sortes de morceaux. Morceaux de viande, poulet, porc, bœuf. Morceaux de poissons. Les pièces entières valent bien plus cher ! La cuisson avec os, plus goûteuse, est réservée aux nantis. Paradoxe puisque les gens savent de moins en moins cuisiner et ne savent pas apprêter les bas morceaux qui nécessitent une cuisson longue.
Nous-mêmes
Ne deviendrions-nous pas nous-mêmes des assemblages plus ou moins heureux de morceaux ? Mariage, famille recomposée, missions diverses au travail, vacances pour couper la monotonie, amour d’un côté, sexualité de l’autre… Nous devenons des dossiers à traiter, des statistiques à gérer, des data à partir desquels on re-compose artificiellement nos vies et on les oriente. Au point que sans GPS existentiel et commercial nous nous retrouvons tout déboussolés.
Gueules cassées
L’homme contemporain, la femme aussi, est une gueule cassée de la vie. La consommation, le désir artificiellement suscité, la compétition et tout le reste l’éparpillent. Il se rassure en se selfiant. Cet exercice vaut chirurgie esthétique et existentielle. « Je répare les morceaux ! »