Grammaire et art

Grammaire et art

19 juillet 2025 0 Par Paul Rassat

Au début du XII° siècle, la grammaire est «  le premier des arts libéraux qui au Moyen Âge comprenait l’étude du langage correct et de la littérature. » Le mot vient du latin grammatica. La grammaire et l’art sont donc liés. (Photo: un poème de Ghérasim Luca).

À lire Ghérasim Luca, avec la grammaire «  On supprime un ou plusieurs / mots / qui ne sont pas indispensables / pour l’intelligence / de la phrase… » On peut en même temps rêver une étymologie qui rapprocherait la grammaire et le grammage. Le poids. Alors la grammaire consisterait à estimer le poids des mots, de la syntaxe et des phrases afin de trouver le juste équilibre. À  supprimer ce qui embarrasse le sens et l’encombre.

Ôter ou additionner

Penone affirme qu’il va chercher les formes qui sont déjà là. S’alléger de l’inutile, aller à l’essentiel, à l’essence. Tout est là, donné, on découvre ce qui est déjà présent, avant nous. Même le progrès procède ainsi. Faire émerger ce qui existe en le combinant différemment.

L’école , en, revanche, empile, additionne des savoirs sans les remodeler. Elle encombre les esprits d’une grammaire morte. Pour y parvenir, elle supprime du processus la famille, le milieu social, la culture d’origine des élèves. Elle supprime un essentiel sur lequel s’appuyer.

L’art et la grammaire culinaires

L’artiste cuisine la matière. Il respecte le produit et en tire les meilleures saveurs vivantes. Il invente une grammaire qui lui est propre mais reliée au monde, aux autres. Le domaine de la cuisine connaît bien cette démarche.. S’il met de plus en plus en avant des produits et des ingrédients «  di qualità, di qualità », le cuisinier doit être capable de les assembler harmonieusement. Dans une logique interne qui soit en équilibre esthétique, gustatif avec leur provenance, les techniques de préparation et la résonance chez les hôtes. Ces derniers ayant pour charge de terminer le processus.

Participer pour apprécier

Les artistes contemporains ont coutume de dire que c’est le regardeur qui termine leur œuvre. Le client d’un restaurant regarde, sent, touche, écoute, goûte. Tous ses sens sont requis. Alors, la grammaire culinaire est un art. C’est ainsi qu’on devrait non pas l’enseigner à des élèves comme on gave des oies, mais en la leur faisant goûter. Sans excès qui provoque lourdeurs et indigestions. Voire allergies.

« La grammaire est une chanson douce », écrit l’autre. Malheureusement les chefs de chœur n’ont pas toujours la voix qui porte ; certains chantent faux.