Yann Clavillier: un homme passionné de tourisme et d’humain

L’humain au cœur de l’action

Je quitte l’office du tourisme d’Annecy pour créer ma propre entreprise, une agence de conseil et d’accompagnement dans le monde du tourisme. Au moins dans un premier temps, je reste dans la région pour me spécialiser dans le management de transition. Il s’agit d’assurer des directions de transition dans des offices du tourisme à l’occasion d’un départ à la retraite prématuré, d’un congé maternité, à cause d’un conflit. Ce seront des missions  de quinze jours, d’un mois ou davantage en fonction de la situation. Je travaille avec des cabinets de recrutement qui recherchent des free lance capables d’assurer ce type de mission.

Il y a une touche très humaine dans cette approche.

Je suis effectivement très axé sur le management des personnes. Ce sont les hommes qui construisent les actions bien plus que les outils. Je me suis toujours considéré comme un chef d’orchestre. Une partition m’est donnée par les élus. À moi de la mettre en œuvre avec tous les techniciens qui m’entourent. Je peux intervenir pour des réorganisations, redéfinir des feuilles de route, des objectifs en phase avec les élus.

Être avant tout un interlocuteur

Il s’agit donc de continuer à être l’interface entre le tourisme, les structures, les élus en y intégrant toujours cette dimension humaine.

J’ai toujours œuvré dans ce sens. Avant Annecy, j’étais directeur du tourisme de la Grande Plagne, première station mondiale en termes de nuitées, de journées/ skieurs. Évidemment les enjeux sont importants. Il faut maîtriser les outils, la communication, la promotion, la commercialisation mais au-delà, il faut savoir conduire une équipe vers les objectifs définis. C’est une aventure humaine. Les chiffres, les statistiques permettent d’établir un tableau de bord. Pour Annecy, par exemple, le cabinet G2A nous donne des statistiques qui nous permettent de lancer les bonnes actions avec les bonnes personnes. Il est indispensable de créer cette synergie capable de tirer le meilleur des outils. C’est un mixte.

Faire vivre le territoire

De même qu’il faut désormais proposer des circuits, des histoires : le patrimoine, la culture, les lacs, les châteaux… Il faut une scénarisation qui fasse vivre les chiffres.

La cible touristique est une immense pièce de théâtre qu’il faut scénariser afin de la faire vivre. Il s’agit de scénariser notre territoire afin de proposer au client une expérience qu’il puisse souhaiter revivre et partager. La meilleure communication consiste à convaincre les personnes de partager avec leur famille, leurs amis l’expérience qu’ils ont vécue.

Au moment de quitter votre poste, quel est l’apport au tourisme annécien dont vous êtes le plus fier ?

La remise en route du tourisme sur le territoire. La professionnalisation des personnes, des services, dont certains ont été créés. Annecy a ainsi gagné l’échiquier national et international. Le service presse, par exemple, n’existait pas. Nous avons organisé, accueilli des voyages de presse pour proposer le territoire sous l’angle que nous voulions. Il ne s’agissait pas de répéter que c’est le plus beau lac d’Europe, une ville magnifique…Nous avons parlé d’un pêcheur, d’un restaurateur, d’un artisan, des circuits courts, d’un artiste pour donner vie au territoire. Les retombées médiatiques ont suivi dans tous les médias, presse, internet, radio, télévision.  

Je suis très fier aussi de la Place de Marché que nous avons créée. Nous sommes passés de cent mille euros de chiffre d’affaire à mon arrivée à six cent mille. L’objectif dans les trois ans à venir est d’atteindre le million d’euros. Cette Place de Marché fédère l’ensemble de l’offre touristique sur un seul site internet. On peut y réserver l’hébergement en hôtel, en chambre d’hôtes, un camping, des activités sportives, touristiques. Cet outil permet de ne pas se faire « manger » par toutes sortes d’intermédiaires qui prennent au passage des marges trop importantes pour nos partenaires. Nous pouvons désormais échapper à cette emprise  et montrer la solidarité d’un territoire puisque, sur décision des politiques, notre Place de Marché ne prélève aucune commission.

Passionné et responsable

Vous allez mettre toute la passion et l’énergie que l’on sent dans votre propose au service d’un projet personnel, mais toujours en connexion avec les autres.

Oui. Il faut continuer de bien « vendre » Annecy. Dans une démarche de préservation, responsable. Notre territoire est privilégié mais fragile. Il subit de fortes contraintes, comme le transport. Nous devons inviter les autres à venir vivre et partager notre patrimoine, le sport, la nature, la culture de manière responsable.