Alicia Penalba
3 février 2025Un salon d’art permet de passer, de découvrir, de revenir, de comparer. Parfois le regard est singulièrement attiré. On se rapproche, on tourne autour pour voir si ça accroche. C’est bien le cas au stand A&R Fleury qui expose Alicia Penalba. Quelques mots échangés avec Alexandre Fleury à ArtGenève.
— Alicia Penalba est une artiste sud américaine qui a travaillé à Paris pendant la plus grande partie de sa carrière. Elle a été défendue, entre autres, par Claude Bernard. Elle est partie tragiquement et son œuvre a connu un oubli pendant un certain temps, nous travaillons à sa redécouverte depuis une quinzaine d’années. Son œuvre est singulière, principalement réalisée en bronze, patinée, dorée. Elle peut relever du floral et elle est inspirée de beaucoup de souvenirs de son enfance dans sa sculpture qui prend une voie-voix très singulière.
L’ouverture
Au départ très totémique, son travail s’est ouvert vers ce que l’on appelle à la fin de sa vie des aliadas, des formes emmêlés, des éléments superposés les uns aux autres qui jouent avec la pesanteur sur un axe central très bien calculé. L’ensemble est parfaitement proportionné.
La lumière
Ce que l’on remarque immédiatement, c’est la force extraordinaire, la densité de ces œuvres.
C’est le propre de quelques femmes sculptrices d’après-guerre. Elles devaient se surpasser, je pense ; elle avaient cette force masculine, ce regard empreint de caractère et la douceur d’une femme. L’œuvre d’Alicia Penalba est très habitée. Elle capte la lumière, fait entrer le spectateur au cœur de sa sculpture. Elle avait été élève chez Zadkine qui était un grand maître du creux et du plein, c’est sans doute ce qui lui a permis de capter la lumière qui habite sa sculpture. Même si elle a quitté rapidement Zadkine parce qu’elle n’était pas faite pour la figuration, elle a gardé cette capacité à capter la lumière.



Une conversation
C’est sans doute ce qui crée une forme de conversation entre le spectateur et l’œuvre que l’on voit de l’extérieur pour y pénétrer, en ressortir… Rien n’est figé.
On pourrait interpréter ses premières productions, avec ses souvenirs d’enfance, ses voyages en Patagonie. Mais elle évolue très vite…
La conversation qui s’installe nous renvoie aussi à nous-même.
Chaque réaction est très personnelle, mais il se passe quelque chose de vivant. C’est pourquoi nous sommes heureux de prendre avec nous une partie de son travail.
Sans doute parce qu’ils nous apparait comme chargé d’une énergie puissante, comme les masques africains originels.
Oui, nous revenons à ce que je disais, c’est une œuvre très habitée.