Apaiser

Apaiser

22 avril 2023 Non Par Paul Rassat

Emmanuel Macron avait été élu, initialement, pour faire de la politique autrement. Son slogan était « En même temps. » Un «  en même temps » capable, à l’époque de l’écriture et de la société inclusives, d’inclure tous les citoyens. Las ! Le « en même temps » semble avoir fait long feu. Afin de recoller les morceaux sociaux, le Président se serait laissé cent jours pour apaiser le pays. Allocution donnée, paraît-il, entre le portrait du général de Gaulle et la photo de son mariage avec Brigitte. Brigitte, de Gaulle, Napoléon : beau tiercé. Pourquoi Napoléon ? Parce que les Cents Jours. ( L’oiseau est de Kymia).

Les Cent Jours

À propos du retour de Napoléon de l’île d’Elbe en mars 1814, Clément Rosset cite, dans Le Réel    Traité de l’idiotie « les gros titres que Le Moniteur-journal officiel des pouvoirs publics, alors aux mains de la monarchie récemment restaurée-consacrait alors à l’événement :

   9 mars : Le monstre s’est évadé de son lieu d’exil.

   10 mars : L’ogre corse a abordé au cap Juan.

   11 mars : Le tigre s’est montré à Gap. Les troupes avancent de tous côtés pour arrêter sa marche. Il achèvera sa misérable aventure en fugitif dans la montagne.

   12 mars : Le monstre s’est vraiment avancé jusqu’à Grenoble.

   13 mars : Le tyran est maintenant à Lyon. La terreur a saisi tout le monde à son apparition.

   18 mars : L’usurpateur s’est risqué à approcher à soixante heures de marche de la capitale.

   19 mars : Bonaparte avance à marches forcées, mais il est impossible qu’il atteigne Paris…

Une histoire qui finit mal

Les Cent Jours de Napoléon sombrèrent à Waterloo, qui sous la plume de Victor Hugo devint :

« Waterloo ! Waterloo ! Waterloo ! morne plaine !
Comme une onde qui bout dans une urne trop pleine… »

Croyant apaiser une situation qu’il a peut-être lui-même contribué à enflammer, le Président ne risque-t-il pas, victime de la symbolique qu’il déploie, de sombrer d’île d’Elbe en Sainte-Hélène ?

Paix

Voici quelques extraits du texte qu’Odon Vallet consacre à la paix dans Petit lexique des mots essentiels. «  La paix se fiche comme un pieu. Elle est un état stable, un temps immobile opposé aux bouleversements de la guerre ».  Ou aux bouleversements des réformes annoncés par Mme Borne, contredisant l’annonce de l’apaisement présidentiel. La page, propagation, propagande, pays, paysan, païen, impact, pieu, palissade, travail…sont de la même famille que le mot paix. Ainsi que le pacte. «  La paix, dont la conclusion est souvent marquée par des bornes frontières, est le produit de cet accord qui, pour le latin, était un « temps vide » (otium, d’où est issu le mot français oisiveté), une époque d’inaction que n’aime guère l’histoire, laquelle se nourrit d’actions, et, donc, de conflits. »

Le prix de la paix

« Reste que la paix a un prix. Payer et pacifier sont deux verbes issus du latin pacare…Régler un différend, c’est ouvrir son portefeuille… » Le tout étant de savoir qui, finalement, paye. Et pendant ce temps les gardiens de la paix sont devenus les forces de l’ordre.