Clou, « Orages », au-delà des évidences

Clou, « Orages », au-delà des évidences

5 avril 2022 Non Par Paul Rassat

Clou sera au Quai des Arts de Rumilly le 8 avril 2022 Sa voix s’élève comme pour chanter Orages comme une incantation, légère, fragile et pourtant. Pourtant quelle cohérence et quelle force autour de l’interrogation !

La solitude

« On avance seul » et il est difficile de trouver le bon contact entre caresse et violence. Solitude apparente car tout est double, dualité. Narcisse, reflet, dupe, faux…quel jeu jouons-nous ?

Apparences

Mirage, illusion, masque, loup, imiter, décor, show. Alors ? Crever l’écran. Jusqu’ici tout va bien, D’ici on ne voit rien. Crever l’écran ? Peur de taper du poing de ne regretter rien. Peur d’être pleinement soi ? Par-delà les mirages. Cesser d’imiter. Avancer sans masque. Prendre des risques ?

La douceur et le risque

On retrouve dans les paroles d’Orages quelques nuances évoquées par la philosophe Anne Dufourmantelle. …. « La douceur est d’abord une intelligence, de celle qui porte la vie, et la sauve et l’accroît…….. Être doux avec les choses et les êtres, c’est les comprendre dans leur insuffisance, leur précarité, leur immaturité, leur bêtise… » …La variation nous fait croire qu’on aurait pu se perdre, avant de nous reprendre doucement par la main pour nous ramener vers le thème principal, puis nous en éloigner, imperceptiblement, à nouveau. Dans cette navigation, les instruments sont des guides inhabituels, parce qu’il s’agit précisément de s’exercer à perdre le rivage, à se perdre tout court et à trouver dans le chemin de cette perte, la boucle d’un désir intact ».

Solitude encore, et conscience

Ces Orages sont littéralement des perturbations. Ils nous permettent de percer les évidences, d’échapper à l’emprise. De voir vraiment. De tenter d’échapper à ce qui se joue de nous, en nous. Cesser d’imiter et crever l’écran. L’étymologie d’orage nous renvoie au provençal aura (la brise) et à Pétrarque. « Erano i capei d’oro a l’aura sparsi » L’aura mais aussi Laura, le prénom de la muse de Pétrarque. Solitude et dualité. Poésie. Avec un soupçon d’exigence philosophique. « Ad augusta per angusta. » Orages existentiels, intimes pour échapper à la cage, à la prison de l’évidence réductrice.

« Jusqu’ici tout va bien. »