Consentement
31 mars 2024 Non Par Paul RassatOn apprend et on se définit par rapport à l’autre. L’intelligence artificielle nous permet de mieux cerner l’intelligence humaine. Les droit des animaux, ceux de la nature nous invitent, par contre-coup, à mieux voir les droits humains et, peut-être, à les faire évoluer. Il en est de même avec le consentement. Le mot fait une apparition remarquée et justifiée en matière de relations entre les individus.
Le consentement en matière de sexualité
Les violences faites aux femmes incluent les violences sexuelles. Le consentement devrait être la base d’une relation, entre individus consentants. Certain-e-s cependant pensent que le mot n’est pas approprié, pas suffisant. Dans À mots découverts Alain Rey écrit : « Consensus, que nous prononçons à la française, est bel et bien un mot latin, dérivé de consentire, « être d’un même sentiment ». Il dit beaucoup plus que consentement, qui est une adhésion, un ralliement, une acceptation, mais pas une convergence de sentiment. Consentir et consentement, mots intégrés au vocabulaire français, sont fort anciens et appartiennent au langage courant. Au contraire, consensus donne l’exemple d’un mot savant, apparu en physiologie au début du XIX e siècle… Mot de médecin , consensus est passé en sociologie…Le passage du mot à la langue courante s’est fait par la politique. »
Édulcoration
Le passage par la politique a édulcoré le mot. Il a été question de consensus large, ou bien mou. « L’adjectif consensuel a suivi, et il y a quelque chose d’aimable, de convivial, rimant avec sensuel. » La véritable synergie indiquée initialement par le mot a ainsi disparu, diluée dans l’usage consensuel.
Un peu de sérieux
Le consentement fait donc plus sérieux, il évoque le contrat. Il présente cependant l’inconvénient d’être, comme un contrat, clairement énoncé. Un avantage diront certains. Mais qu’en est-il alors de la confiance, de la complicité entre individus consentants et formant consensus ? Tous ces mots commencent par con-, préfixe issu du latin cum signifiant avec, ensemble. Comme la société se délite, on parle de « faire société ». Nous ne savons plus vivre ensemble puisque chacun doit s’accaparer, s’approprier, faire sien ; puisque le « Moi je… » sévit.
Les consentements divers
Interrogeons-nous sur le consentement au travail. Il n’est souvent qu’une acceptation contrainte de celui-ci. Une soumission conforme à l’étymologie du mot, qui renvoie à la torture. Celles et ceux qui parviennent à associer travail et plaisir sont des bienheureux. Qu’en est-il du consentement à l’école ? Il y est souvent question de contrat entre l’élève et l’institution. Le consensus y serait plus pertinent et productif. Consentement, contrat sentent la loi, la définition sans plaisir particulier. On subit alors, on se soumet et le vocabulaire le traduit bien. On « tombe amoureux » et , surtout, malgré les progrès de la contraception, une femme « tombe » toujours enceinte ». Où se trouve ce plaisir que l’on affirme prendre partout ?
Notre langue devient paresseuse. Prise dans la facilité du globish, elle n’évolue pas au rythme des nécessités sociales et humaines. Elle se racornit au domaine du droit, à celui de la raison qui ne forme pas synergie avec le cœur.