Création, recherche dé-ré-équilibre permanent : David Marin

Création, recherche dé-ré-équilibre permanent : David Marin

11 avril 2022 Non Par Paul Rassat

Exposition David Marin. Fondation Christian Réal  La Cour de l’Abbaye Annecy-le-Vieux, du 7 / 4 au 24 / 9 / 2022. La création retisse nos liens au monde et à nous-mêmes. [ Talpa a choisi de mettre en avant une photo de « Ecce Homo ». Représentation lou / ph/ f / oque d’une sole-barbue]

Impressions brutes

Premières impressions «  à froid », sans recul. Quelques titres d’œuvres. « Déseffacement », « Désherbier », « Rétrovision », « La bête », « Créature », « Goliath », « Le poulpe ». « Marx » devenu sac plastique à la feuille d’or. « Snark »…Dans quelle chasse au monstre artistique, à la construction // déconstruction nous convie David Marin ? Il y  du Derrida dans l’air ! Montrer-démontrer, montrer des monstres, des chimères faites de matière qui se fait et se refait différemment, se recycle. La théorie des cordes éclot en un résultat végétal. Noir et blanc dominent, avec quelques touches dorées. « Ecce homo » offre une leçon d’anatomie comparée. Corps ouvert de poisson poilu. Poulpe, pieuvre, méduse enchevêtrés sont comme en cours de fabrication inachevée. Bisons, aurochs nous ramènent à l’art pariétal. Quelle pré-histoire nous raconte l’artiste ?

Entre équilibre et déséquilibre

Les traces deviennent arbres, fossiles. Nous passons de la vie à la fabrication, de la défabrication à la refabrication en un aller / retour permanent. Aucune fioriture. L’essentiel. La théorie des cordes devient minimaliste car elle se réduit à des fils tendus à même le mur. Et puis ce volume ajouré qui est à la fois du plein et du vide. L’intérieur / extérieur. Leçon de philosophie et de sagesse à la manière de François Cheng. Tout le travail de David Marin repose sur l’étroite voie entre équilibre et déséquilibre. C’est  en cette recherche que vit la tentative de création.

Rencontre avec David Marin

Je suis aussi tapissier. Je fais de la modélisation 3D pour les architectes. Toutes mes activités se complètent dans la création.

Votre approche est liée à un fonctionnement en arborescence.

Au Musée des Confluences, on peut voir l’arbre des possibles. Comment les choses se sont structurées, se déstructurent pour se restructurer. C’est d’une beauté !

L’art revisite ce qui a été rejeté au nom d’un progrès linéaire et immédiatement rentable. Cette recherche se fait pour vous entre équilibre et déséquilibre.

C’est le travail de l’art pictural en général.

Peut-être mais chez vous ce mouvement laisse une véritable place au regard du visiteur.

Oui. L’art asiatique fait place à la notion de vide. C’est un espace de liberté pour la pensée du spectateur. Un espace de dialogue. Il existe entre mes tableaux et à l’intérieur de chacun. Le noir lui-même est une forme de vide.

La structure. Comment en jouer

Vous aimez y assembler des monstres.

J’ai une passion pour la structure, la morphologie, l’anatomie parfois. Je construis d’abord toutes mes pièces de l’intérieur. Ceci permet une évolution tangible, une transformation qui se fait au fil de la création. Mon œil y trouve un équilibre à travailler.

C’est donc une structure solide qui permet d’évoluer ?

Absolument. Je travaille aussi la couleur mais le choix a été différent pour cette exposition. Le noir permet de faire flotter les choses. On pourrait avoir le sentiment d’être dans un bestiaire qui recenserait  des espèces. Ce n’est pas le cas parce qu’il n’y a aucune iconographie derrière.

L’art comme construction mentale

« E 120 » est  en réalité un assemblage de paysages.

Celui-ci en particulier, oui. La paréidolie du Goliath aussi. Ce sont des constructions mentales. «  Les choses inlassablement se tissent ». Elles créent des possibles. L’utilisation du fil dans mon travail en est l’illustration et la métaphore. Et puis on peut reprendre un trait ; quand la paroi est trouée pour fixer le fil, impossible de revenir en arrière. Je veux donner l’impression que le travail a été fait en une fois.

Re-faire un tour d’exposition

Et ce n’est qu’en repassant, en défaisant-refaisant le chemin de la visite que les premières œuvres, à peine entrevues à l’arrivée, prennent tout leur sens. Comme ce Dévoré, base de canevas dévoré, entre visible et invisible, blanc sur blanc, fantomatique. À peine visible. Une ombre blanche. Il y a eu auparavant la vidéo projetée au cœur de la fresque restaurée par Patricia Radix. Macro, micro, mycélium  organique et géologique, volcanique. Fusion, apparition, mouvement. Cette création vidéo est portée par le souffle de la poésie primaire.

Renseignements pratiques

L’exposition se tient à La Cour de l’Abbaye Fondation Christian REAL

15 chemin de l’Abbaye 74940 Annecy-le-Vieux du 7 avril-24 septembre 2022

Elle est ouverte du jeudi au samedi de 14h00 à 19h00 et le dimanche sur rendez-vous.

Contacts :

Patricia Radix, programmatrice artistique 06 73 07 29 50

David Marin 07 86 49 84 81

fondation@fondationdartchristianreal.fr