Émeute

Le sens en est vieilli, mais le mot émeute a signifié «  émoi, émotion ». C’est ainsi que l’employait Balzac. Elle est devenue  «  Mouvement, agitation, soulèvement populaire qui explose en violence à l’occasion d’une situation tendue » d’après le TLFi. Effectivement, une émeute part d’une grande émotion qui peut s’exprimer par la violence. ( Dessin de Franz Schimpl)

Faillite

La faillite vient du verbe faillir, qui veut dire commettre une faute, une erreur. Éric Ciotti dénonce «  la faillite de l’autorité parentale, la faillite du système éducatif et la faillite du modèle d’intégration » à propos des émeutes actuelles. Émeutes qui se déroulent essentiellement dans « les quartiers ». On faisait autrefois la distinction entre les beaux quartiers et les quartiers populaires. Maintenant le mot quartier a une connotation négative.

Quartier

Le quartier est «  l’une des quatre parties égales d’un tout. » Il est aussi une «  division naturelle d’un fruit : quartier d’orange. » Il semblerait que l’on ne retrouve pas la dimension d’égalité, ni aucune division naturelle dans les quartiers qui vivent des émeutes. Mettre en quartiers signifiait aussi écarteler, l’une des mises à mort les plus cruelles. En héraldique, à l’opposé les quartiers sont « chacune des parties de l’écu écartelé »…d’où peut-être les quartiers de noblesse. Il serait possible d’évoquer les bas quartiers, les bas morceaux qu’il convient de savoir cuisiner pour en tirer de savoureuses recettes.

La recette de Nicolas (reprise d’un précédent article).

« Plantes de racaille

L’automne est arrivé, la saison idéale pour s’occuper des plantes de racaille. Robustes, peu exigeantes, elles grandissent sur n’importe quel sol, les plus pauvres de préférence, le béton en particulier. Elles ne nécessitent la plupart du temps aucun soin, aucun entretien. Nicolas le jardinier pourrait presque les oublier. Elles poussent seules mais se multiplient au point qu’il lui faut régulièrement éclaircir ses plantations. Le Kärcher s’impose alors. Nicolas, et les jardiniers en général, n’ont ni le temps ni les moyens de veiller au développement harmonieux des plantes de racaille. Un coup de Kärcher de temps en temps, lors des floraisons exubérantes, et le problème semble réglé. Tout le jardin est alors rassuré et l’harmonie semble retrouvée.

Pour programmer une floraison explosive de vos plantes de racaille, n’hésitez pas à contacter Nicolas le jardinier. Sinon, pensez au bac à compost. »

Émotion

Notre société met en avant le partage d’émotions. D’où l’intérêt de voir ce que signifie ce mot proche de l’émeute. « Conduite réactive, réflexe, involontaire vécue simultanément au niveau du corps d’une manière plus ou moins violente et affectivement sur le mode du plaisir ou de la douleur. » TLFi. Ainsi l’émotion est involontaire et l’on préfère partager ce qui ne se contrôle pas ! Comme ce « pognon de dingue » non contrôlé dont l’efficacité est insuffisante. Les membres du gouvernement ne cessent de rappeler tous les efforts accomplis pour les quartiers. Peut-être ces efforts ont-ils été mal dosés, pas dans le bon tempo, d’où le résultat de « dingue » en ce moment. Les émeutes constituent alors un immense partage d’émotions non maîtrisé. Le Président a tenu bon en matière de retraite. La réforme était dans son programme. Que n’y a -t-il mis une réforme des quartiers !

La justice

«  Tout bien considéré, le juge prononce son verdict pour réaffirmer son propre sentiment du droit et celui du peuple qu’il représente. Mais la révélation que le juge siège pour se faire à lui-même la morale est désastreuse pour l’ordre juridique. C’est pourquoi nous faisons semblant que le juge est là pour l’édification du criminel. Toutes nos formes d’organisation fonctionnent grâce à la bêtise. »  Matthijs van Boxsel L’encyclopédie de la stupidité. À cette justice de dingue, il faudrait substituer la justice telle que l’évoque Fabien Vehlmann dans Les derniers jours d’un immortel. Une justice qui prend en compte toute la chaîne des causes et des effets. Y sont inclus les témoins, les circonstances, le juge lui-même. Une justice quantique, en quelque sorte. Une justice qui nous émeuve parce que nous sommes tous impliqués.

L’exemple en matière d’émeutes

Le Canard Enchaîné  cite le porte-parole du gouvernement iranien. «  Le gouvernement français doit mettre fin au traitement violent de sa population en respectant les principes de la dignité humaine, la liberté d’expression et le droit des citoyens  à manifester pacifiquement. » Les citoyennes ne sont pas citées. On rapprochera cette apostrophe d’un article intitulé «  Le nœud coulant des ayatollahs », toujours dans le Canard. On y apprend que l’émeute est traitée en Iran à coup de pendaisons. Plus de 7000 depuis 2010. «  Le nœud coulant » pour un pouvoir viril, le titre est bien trouvé.