Eva Jospin à l’Abbaye d’Annecy-le-Vieux

Eva Jospin à l’Abbaye d’Annecy-le-Vieux

6 octobre 2022 Non Par Paul Rassat

Du 7 octobre au 17 décembre 2022, la Fondation Salomon pour l’Art Contemporain propose l’exposition Eva Jospin à l’Abbaye. Rencontre avec Xavier Chevalier et Antoine Perez qui peaufinaient l’accrochage.

Plonger dans chaque œuvre

Cette exposition offre un éventail assez représentatif de l’œuvre d’Eva Jospin. Représentatif aussi bien par les techniques que par les sujets. Le cadre de l’Abbaye et la lumière plongent le visiteur dans la pénétration des œuvres. Il est possible d’entrer véritablement dans chacune.

Ce qui donne une dimension de sacré.

Il faut y ajouter qu’Eva Jospin puise son inspiration dans les théâtres antiques, dans l’histoire de l’art, dans une part de romantisme…

Fusion construite

D’où une impression de mouvement, de foisonnement.

La symétrie entre certaines œuvres, les arches, les premiers, deuxièmes, troisièmes plans renforcent le sacré déjà évoqué et l’impression d’entrer dans le travail d’Eva Jospin. Ici, on a presque un missel. Ailleurs le végétal, le minéral et l’organique se rejoignent, se mêlent. Le viscéral, le naturel entrent dans une construction qui résulte d’un travail de fourmi. La somme de travail nécessaire à ces constructions revêt un aspect éphémère qui pourrait disparaître en un instant.

Et on a effectivement l’impression d’entrer dans une fourmilière, dans une termitière.

Les alvéoles du carton nous plongent dans une galerie.

Calme et sérénité

Une sorte d’interrogation résulte du fourmillement, de l’exubérance. Elle est tempérée par la lumière et la disposition qui rayonnent de calme, de sérénité.

Cette disposition invite à un parcours serein. En découvrant le lieu, Eva parlait de résonnances dans des symétries. Le choix des pièces exposées en renforce la portée pour donner une dimension quasi religieuse. On pourrait y voir un tabernacle.

De cette profusion de formes se dégage paradoxalement une  discrétion, une sobriété (qui n’a rien à voir avec la tendance économique actuelle).

C’est le ton de l’accrochage que nous avons choisi. Le travail d’Eva Jospin est « labellisé », très reconnaissable, mais nous espérons lui donner ici une tonalité particulière.

Correspondances

« La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers. »

            Baudelaire

Des grottes aux temples, de l’architecture végétale à celle que l’Homme pense et fabrique naît un faisceau de correspondances poétiques.

C’est un véritable plaisir de plonger dans cette scénographie. La dimension sacrée invite à la méditation très active. Les sens sont absorbés par la matérialité des œuvres. Pendant ce temps l’esprit voyage, découvre ici une arche, une coupole, une référence architecturale. Là on plonge dans les blés de Van Gogh. L’architecture de Petra répond à une organisation végétale. À plonger encore un peu dans l’œuvre exposée et dans son propre foisonnement de références on atteint le théâtre, Genet, Vérone…Si l’on est aspiré par le travail de dentelle d’Eva Jospin, c’est pour mieux s’ouvrir à un univers d’échos que chacun tire et tisse de son fonds personnel.