François de Sales

François de Sales

10 août 2022 Non Par Paul Rassat

L’invitation au Château de Thorens Glières les 26 et 27 août. Pour le 400 ème anniversaire de la mort de François de Sales, spectacle donné par François-René Duchâble et Alain Carré. Ce dernier nous présente cette Invitation.

François de Sales chez lui

Le neuf juin dernier nous avions fait une création à la Visitation avec François René, déjà sur François de Sales. Pour celle-ci, nous avons été contactés pour travailler sur d’autres bases puisque le scénario est du père Tournade.

Il y aura cette association texte-musique que tu apprécies tant, surtout avec François-René Duchâble.

Plus mise en lumières du site, le fond de décor étant le château. Il va y avoir des parties biographiques. Je les joue à la première personne, dans l’habit de François de Sales. Il faut situer le personnage qui n’est pas aussi connu de François d’Assise. Des parties autobiographiques, des parties issues de son œuvre écrit. Pour celles-ci la musique apporte un prolongement qui permet de réfléchir à ce qu’on vient d’entendre. Je ne travaille pas vraiment sur scène, sauf le dernier passage. On me verra aux différentes fenêtres du château qui représentent différentes parties de sa vie.

Un homme d’amour et de Lettres

On va donc vraiment voyager. Comment perçois-tu François de Sales ?

C’est un homme – il le dit dans ses textes – qui met l’amour au-dessus de toute chose. Il est un très grand médiateur, par exemple avec les Protestants de Genève. François est aussi un homme de Lettres, c’est pourquoi il est le patron des journalistes et des écrivains. Il a toujours veillé que ses textes soient ouverts à toutes et à tous, athées, croyants, de toutes religions.

Varier les plaisirs

Tu as joué Voltaire et Rousseau. François de Sales est complexe. Tu aimes bien les personnages qui ne sont pas d’un bloc, les faire dialoguer. Comme dialoguent texte et musique.

C’est une chance de jouer à la Visitation et bientôt au château de Thorens. François-René et moi avons fait des créations à partir de textes spirituels. C’est important. La Bible s’ouvre sur « Au commencement était le Verbe. » Le travail du comédien est « Au commencement était le verbe. » Nous sommes des colporteurs de mots et de parole. Celle-ci peut être spirituelle, poétique, politique à travers les personnages qu’on joue. Il est important de varier les plaisirs.

Et une touche d’humour

La parole de François de Sales englobe tout ce que tu évoques et y ajoute l’humour.

Il pouvait rentrer dans des colères noires quand c’était nécessaire mais il avait effectivement beaucoup d’humour. Je me retrouve bien dans des personnages qui donnent à l’interprète la possibilité de ne pas être monocorde dans la façon de dire le texte. Il faut des écrivains qui ont la palette nécessaire pour ce type de monologue, ou de dialogue avec la musique. Sinon ce ne serait pas intéressant pour le public.

Pour le public et pour toi. Tu n’aimes pas t’ennuyer.

Oui, c’est sûr (rires).

Court échange avec le père Tournade

D’une masse de connaissances à un scénario

Comment se transforme-t-on de prêtre discret en homme de spectacle ? (rires)

On m’a simplement demandé un scénario !

Vous avez beaucoup écrit à propos de François de Sales. Comment avez-vous canalisé tout ça en vue d’un scénario ?

L’enjeu est d’aller vers l’essentiel. Tout part pour François de Sales de cette question, de cette angoisse partagée par son époque. «  Quel Dieu allons-nous rencontrer au moment de la mort ? » Prévalait à l’époque une vision très déterministe. Elle pouvait même être globalisante et expliquer les choses de façon holistique. François de Sales se heurtait à cette vision extrêmement pessimiste. Imaginez un Dieu qui avait mis des créatures sur la Terre pour les juger et les condamner. François de Sales effectue seul, sans aucun accompagnement, une libération spirituelle. «  Il faut sortir de ce système ! Je ne peux pas l’accepter. »

Le génie ne consisterait-il pas à dépasser les opposions apparentes ?

Il découvre un Dieu d’amour, de tendresse, qui regarde chacun de façon positive.

Peut-être une approche moins binaire qui correspond avec la complexité de François.

Oui, et on retrouve sa construction sur la vulnérabilité. Il se délivre complètement du schéma qu’on lui a appris pour trouver un élan optimiste de la Renaissance. Celle-ci va conjuguer quelque chose de très jubilatoire et positif avec le pessimisme et l’inquiétude. Il sort du Saint Augustin et du Saint Thomas d’Aquin tels qu’on les présentait.

Le propre des grands personnages, religieux ou non, n’est-il pas de dépasser les oppositions apparentes ?

Tout à fait. Ce serait une bonne définition. L’application des textes religieux devient très souvent restrictive. Il y a heureusement toujours cette possibilité d’un sursaut, de quelque chose qui dépasse cette dimension réductrice et rejoint le véritable message.