Guide Michelin

Guide : « Personne qui dirige, protège la marche de quelqu’un…Guide (de montagne, de haute montagne)…Personne qui conduit les visiteurs d’un musée, d’un monument historique, en donnant les commentaires utiles à sa découverte…Ouvrage qui aide un touriste à s’orienter, à découvrir les beautés, les curiosités d’une région, d’une ville, d’un édifice. » Venu de l’italien guida, le mot a d’abord été féminin. Le guide Michelin l’a élevé au rang mythologique.

Guide gastronomique

Histoire de la cuisine et de la gastronomie française, de Patrick Rambourg, aborde la question du guide gastronomique.  «  Dans son Paris à table, Eugène Briffault divise les restaurants de la ville [Paris] en trois catégories. Les premiers se reconnaissent par leur cherté et sont tenus « avec beaucoup d’ostentation [et] ne sont jamais entièrement défectueux », mais ils ne répondent pas toujours à leur renommée. Les restaurants de second ordre, beaucoup plus nombreux, se rencontrent dans presque « tous les quartiers fréquentés », en particulier au Palais-Royal, «  à côté des trois ou quatre élus, toujours recherchés par l’aristocratie des dîneurs ». Certains déploient plus de luxe que d’autres, classés au-dessus d’eux.

Le tiers état   

Au troisième rang, un nombre encore plus important de « maisons recommandables, mais qui ne peuvent pas faire la dépense nécessaire pour s’élever et servir avec distinction ». Au-dessous, on ne rencpontre plus que des lieux où le repas est une occupation « dégagée de toute sensualité ». Les gens s’y rendent pour contenter un appétit et satisfaire un besoin. »

Le Michelin

«  Une fourchette : pas besoin de cravate. Trois fourchettes : Maman devra se faire faire une permanente. Une étoile : oui, on a de quoi se l’offrir. Deux étoiles : c’est l’anniversaire de Mémé. Trois étoiles : hou ! là, là, attention ! Oui, mais une fois dans sa vie, ça vaut la peine, non ? » écrit Christian Millau dans son Petit Dictionnaire amoureux de la gastronomie. Et de rappeler que « pendant tout le XIX^e siècle et un peu au suivant » existèrent de nombreux guides  dont la lecture est passionnante. «  Ces petits ouvrages n’étaient pas tous des guides, au sens où nous l’entendons aujourd’hui, mais il y avait dans chacun tant à voir et à manger qu’au plaisir de la table s’ajoutait le plaisir d’en parler. »

Le boire et le manger

Le bibendum Michelin doit son sens au verbe latin bibere, boire. Nunc est bibendum, «  Il est temps de boire, il faut boire maintenant. » Christian Millau écrit «  à voir et à manger ». Michelin y ajoute le boire. Le Guide a d’abord été offert aux automobilistes qui achetaient des pneus Michelin pour avaler la route et faire étape dans les établissements étoilés. Ceci constituait une interprétation hexagonale de l’expression africaine «  Prendre son pied la route » qui signifie partir en voyage. Avec le Guide on prend son pied en suivant La Piste aux Étoiles. Même critiquée, l’institution mériterait un chapitre dans une Nouvelles Mythologies.

Com et mythologie

Les dieux se rassemblent une fois l’an pour la remise des étoiles. Certains en perdent, d’autres en gagnent. Et l’Olympe gastronomique continue de délecter le commun des mortels.