Hâte, impatience

Hâte, impatience

29 juin 2023 Non Par Paul Rassat

On ne dit plus «  Je suis impatient de » mais «  J’ai hâte de », voire «  J’ai hâte » tout court car il faut faire court. C’est ainsi qu’évolue la langue, elle s’allège de sens, de nuances et coupe au plus court. Étymologiquement, la hâte fricote avec la violence. Et puis, la hâte est aussi une broche à rôtir. La hâte fricote , à l’occasion, avec les flammes de l’enfer. Dans sa différence d’emploi avec  l’impatience, on retrouve l’écart entre «  être » et « avoir ». Je suis impatient, j’ai hâte. J’éprouve quelque chose, je possède ou je suis possédé par autre chose.

Patience et passion

Andrea Marcolongo relève que passion et patience sont presque synonymes. La patience est une forme de souffrance, d’où le « patient » qui est malade…et attend la guérison ? Et puis, assez souvent, la passion fait souffrir. Alors autant se presser, avoir hâte. Hâte de n’importe quoi puisque l’essentiel est de passer à la hâte.

Vengeance à la hâte

La vengeance est, paraît-il, un plat qui se mange froid. Il est de ces expressions auxquelles il faut réfléchir à deux fois. Nul n’est censé ignorer la loi, par exemple. L’interprétation habituelle est que chacun doit connaître la loi. C’est absurde, même ceux qui la font ne la connaissent pas toute. Il est plus logique de comprendre que la loi doit être accessible à tous, sens et application. Quant à la vengeance, devrait-on comprendre qu’elle est impossible et, antiphrase, se mangerait quand celui qui veut se venger est froid ? Mort. Si la vengeance constitue, en droit, une compensation, celle-ci peut-elle compenser des sentiments, des émotions provoqués par les actes d’une autre personne ? Il est possible de réparer matériellement ; peut-on réparer des émotions ou des sentiments par la justice ? Surtout si l’on se fait justice soi-même ?

Aux mêmes causes, pas les mêmes effets

Telle parole blessera l’un, qui ne pensera qu’à se venger, quand elle laissera l’autre indifférent. La vengeance est une passion qui fait souffrir dans la hâte à l’assouvir. ( Tableau : le jugement dernier, Jérôme Bosch. Une belle exposition de hâtes au sens de brochettes, comme chez Carpaccio.)