La fable des abeilles

La fable des abeilles

16 octobre 2023 Non Par Paul Rassat

Cette Fable des abeilles, suivie de Recherche sur l’origine de la vertu morale, de Bernard Mandeville, permet de réunir Jean-François Billeter et D. R. Dufour. Voici ce qu’en écrit Billeter : «  le bien commun, qui consiste en l’enrichissement des nations, résulte naturellement de l’action des vices privés que sont l’appât du gain et l’égoïsme…Il faut donc laisser libre cours à ces vices… Cette trouvaille a changé le cours de l’histoire, car les classes possédantes n’ont pas tardé  à régler sur elle leur conduite. Comme ce principe était inavouable, elles l’ont tenu caché et se le sont généralement caché à elles-mêmes. »

L’aloi du marché, une fable ?

Impossible de s’en prendre à un système non personnifié ! La loi du marché est indiscutable, la théorie du ruissellement en compense les effets trop durs. La finance ayant pris la main sur le politique ça ruisselle pourtant dans les paradis fiscaux. Et si tu n’optimises pas, c’est que t’es un veau.

Les trois ordres

Jean-François Billeter, dans Une révolution dans la pensée, se réfère aux trois ordres de Pascal dont voici quelques lignes.

— La distance infinie des corps aux esprits, figure la distance infiniment plus infinie des esprits, car elle est surnaturelle.

— Tout l’éclat des grandeurs n’a point de lustre pour les gens qui sont dans les recherches de l’esprit.

— La grandeur des gens d’esprit est invisible aux rois, aux riches, aux capitaines, à tous ces grands de chair. »

Le désordre

Amusez-vous, actualisez la pensée de Pascal. Le bling bling permettrait-il de supprimer la distance entre l’esprit et la chair ? Passer par la banque avant d’entrer en politique supprimerait-il la distance entre les deux domaines ? La fusion entraînerait-elle confusion ? Versailles et ses réceptions pourrait alors illustrer le désordre voulu entre les trois ordres de Pascal. La fusion du corps, de l’esprit et de l’argent pour, en plus, épater le gogo à la barbe de ses impôts.

Valeurs

Odon Vallet rappelle que le mot « valeur » se réfère d’abord à une « force morale et à une source de santé ». Et puis la valeur devint boursière. Il poursuit. «  Il y a des valeurs conjoncturelles comme des morales de circonstance. L’échelle des valeurs est une courbe fébrile qui, au gré des changements de régime ou de modes intellectuelles, peut transformer les courageux en criminels de guerre et les gloires d’un moment en célèbres inconnus. On entend dire que l’assassinat d’un professeur est une atteinte aux valeurs de la République. Faut-il ce type de tragédie pour rappeler que notre République, qui ne se limite pas à une démocratie, repose sur des valeurs ? Faudrait-il attendre que celles-ci soient attaquées pour rappeler qu’elles existent et ne sont pas le paravent du capitalisme ? Ce serait souligner leur faiblesse, voire leur inexistence dans les faits.

Et c’est ainsi que la France est grande.