La Syndicaliste
20 janvier 2023Les cinémas Pathé d’Annecy présentaient en avant-première le film de Jean-Paul Salomé La Syndicaliste. À voir pour beaucoup de raisons.
Les faits, les infos…
On trouvera facilement informations, reportages, témoignages sur l’affaire que raconte le film de Jean-Paul Salomé. Vous pourrez même lire sur le Web « L’affaire Maureen Kearney, c’est quoi ? » Formulation qui cède à la tendance linguistique et à la formulation simplifiée. C’est que le film part de faits réels, déjà traités par les médias. Talpa n’a pas l’habitude de donner des informations mais d’y réfléchir. La Syndicaliste est, à ce sujet, un cas d’école.
Notre relation à la réalité
On sort parfois d’une projection un peu déphasé. L’heure, la lumière ont changé pendant que nous vivions le film. Il nous faut un moment de réadaptation. C’est vraiment le cas avec La Syndicaliste. L’affaire et la fiction mêlent Proglio, Lauvergeon, Montebourg, Areva, Veolia, EDF, la Chine…Tout ça, on connaît ! Ou l’on croit connaître. De loin, à travers un feuilletage d’écrans et de médias, de souvenirs plus ou moins précis. Nous baignons dans cette réalité sans cesse recomposée par des liens plus ou moins directs, distendus, ponctuels.
La réalité et la fiction
À voir La Syndicaliste à Annecy, le déphasage d’après projection est encore plus marqué. Le film comporte quelques scènes tournées sur les rives du lac que je vois tous les jours. Ma réalité. Vue dans un film. Moulinées avec d’autres éléments, points de vue, informations en une fiction qui se termine par cette phrase prononcée en regard caméra et donc spectateur, « Je n’ai pas menti et je n’ai rien inventé. »
La justice et la parole
Alain Rey soulignait « En latin, le droit est lié à la parole qui l’exprime : dire le droit, jus dicere, c’est le sens même de judicare, doù vient juger. » Si les juristes doivent dire le droit, c’est après que toutes les voix-victimes, témoins, accusateurs…-ont été entendues. Entendues réellement. Mais certaines collusions entre le pouvoir sous toutes ses formes et la politique ainsi que la justice elle-même faussent la perception de ces voix qui participent à dire la justice.
Tout ne serait que mise en scène ?
Il est particulièrement intéressant de voir La Syndicaliste alors que l’on vient de recréer le véritable discours prononcé le 18 juin par le Général de Gaulle. La technologie actuelle a produit un faux vrai, en somme. Comme le cinéma est parfois une fiction plus vraie que la réalité telle que nous la présentent infos, médias et communiqués. La réalité des relations entre pouvoir, affaires, justice ne serait en fin de compte qu’une mise en scène issue de luttes entre individus, domaines d’action et de décision ? Allons plutôt au cinéma !