Le restaurant des recettes oubliées

Le restaurant des recettes oubliées de Hisashi Kashiwai, un roman pétri de délicatesse, dont le moindre détail, jusqu’au nom du chat, participe à l’harmonie générale.

Le chemin des souvenirs

Un restaurant pratiquement introuvable dont la devanture n’augure rien de bon. Discrétion absolue ou presque pour cet établissement dont la seule publicité est une ligne dans un magazine consacré à la gastronomie. Le chemin qui y mène est aussi difficile à trouver que celui de certains souvenirs.

Cuisiner la mémoire

L’établissement des Kamogawa, sis à Kyoto , a une spécialité bien particulière : retrouver et cuisiner des plats dont leurs clients n’ont gardé que quelques lointains détails. Mais le souvenir et l’émotion qui les y attachent sont inversement proportionnels à leur mémoire défaillante.

Émotions et souvenirs

Le chemin proposé par ce roman est à l’inverse de la pratique qui se répand de plus en plus. Il faudrait vivre des émotions, les partager aussitôt.  Le restaurant des recettes oubliées  part de nos souvenirs pour nous aider à remonter à leur origine et à les partager en faisant se rencontrer souvenir et réalité présente. Les émotions que nous partageons dans l’instant s’évaporent aussitôt si elles ne sont pas dégustées, digérées, si elles ne font pas pleinement partie de nous-mêmes. Elles deviennent alors des souvenirs avec lesquels de nouvelles émotions entrent en écho. De cette conversation qui traverse le temps naît ce que l’on a coutume de nommer « partage ». Celui-ci transcende le moment et le lieu.

La cuisine du souvenir

Peu importe le prix et le prestige liés aux ingrédients de la recette. Ainsi pour ce prétentieux ragoût de bœuf aux pommes de terre. Il rassemble du « bœuf de Matsuzaka de niveau A5 et des pommes de terre, des Northern Ruby produites à Hokkaido. Deux ingrédients de qualité supérieure… » Cette préparation sera surpassée par une autre à base de viande en conserve. Celle-ci faisait partie de la recette maternelle dégustée des dizaines d’années auparavant. Nagare, le chef, est un détective de la cuisine, de la mémoire. Il maîtrise la correspondance exacte entre les produits et les émotions qu’ils procurent. Il lui arrive même de tricher un peu pour atteindre davantage de pertinence.

Et vous ?

Si vous aviez la possibilité de retrouver et de déguster un plat que vous avez chéri, qui vous relie à une personne, un événement, un lieu qui vous sont chers, que choisiriez-vous ?  Le roman se déguste désormais en deux services puisqu’est paru un deuxième volume.