L’homme à la tête de lion, de Xavier Coste

L’homme à la tête de lion, de Xavier Coste

15 octobre 2022 Non Par Paul Rassat

L’homme à la tête de lion captive d’abord par le dessin de Xavier Coste. Une sorte de trame donne de la profondeur au dessin très dynamique et inventif. Un rythme soutenu qui mêle réalisme et métaphores en une poésie particulière, parfois expressionniste. D’autant plus particulière que le propos prend le contre-pied de notre perception habituelle du monde. La trame contribue peut-être à montrer  que notre regard filtre la réalité à travers des grilles de lecture.

Le « monstre » nous avertit

Le point de vue adopté est celui d’un « monstre ». Littéralement d’une bête de cirque. Retenons au passage que l’étymologie de «  monstre » remonte à l’avertissement. L’homme lion aborde la question de la solitude malgré la renommée. La relativité de nos identités et de nos vies. L’opposition entre la culture, le raffinement et l’apparence de la bestialité. Retournons la démonstration. Nous obtenons une apparence de plus en plus soignée dans une société de moins en moins cultivée et raffinée.

Serions-nous tous des monstres ?

Peut-être si, comme le héros malheureux de ce livre, nous en demeurons aux apparences au lieu d’aller chercher en nous ce qu’il y a de plus profond. Notre société du divertissement, des préjugés ne facilite pas la tache. L’approche scientifique, à l’opposé, ne rend pas compte de la vie intime. Elle observe, mesure, ausculte mais ne révèle pas l’être profond. Ni les sentiments. D’autant plus que notre héros souffre de l’absence d’amour. La « normalité » sociale ne serait-elle pas une monstruosité ?

Être soi, vraiment.

Le bonheur, même relatif, vient de l’acceptation de soi. Dons, talents, handicaps ne sont que des avantages ou des difficultés pour y parvenir. Normal ? Anormal ? Le principal est d’être en accord avec soi, avec la nature, avec sa propre nature.

De la philo pratique.

Thierry, de BD Fugue Annecy, considère cet album comme le plus intéressant de l’année. Il offre en effet, sous couvert d’un récit prenant, des pistes de réflexion à la portée de chacun.  Au gré des lectures, on pourra y retrouver des références politiques. «  Tu n’as pas le monopole de la difformité. » Des références musicales et poétiques avec « L’homme à  tête de chou » de Gainsbourg. Cocteau avec « La belle et la bête. » Il n’en reste pas moins vrai que ce livre est une création très personnelle.

À découvrir.