Lire Ô lac
3 octobre 2022Petit tour à Lire Ô lac ce dimanche matin 2 octobre. Talpa venait spécialement y assister à l’échange entre Jean Sulpice et Gautier Battistella. Ce dernier y parlait de son roman Chef. Quant à Jean Sulpice, il était pratiquement dans ses murs, juste à côté de l’auberge. Comme Talpa avait apprécié le livre de Gautier, il fallait vérifier si le produit gardait cette fameuse longueur en bouche et dans les neurones. C’est le cas. L’auteur nous a lu un court passage de son livre, le portrait du critique gastronomique qui officie dans sa fiction inspirée de la réalité. Portrait savoureux, tout en jeux de mots, d’associations à différents niveaux dont l’humour n’est pas exempt. Jean Sulpice officiait, lui, dans les associations de saveurs avec enthousiasme.
Quand un chef a la parole
Quelle passion, quelle énergie chez Jean Sulpice ! Un véritable besoin de parler avec sincérité de son métier. Gautier et Jean s’accordent pour dire qu’on ne devient pas cuisinier en regardant Top Chef. La com envahit tout et fausse la donne. Bien sûr, la rigueur très poussée de l’apprentissage d’autrefois fait place à des pratiques davantage bienveillantes. Le métier de cuisinier demeure cependant un engagement de tous les instants.
Les grands noms
Bocuse, Michel Guérard, Robuchon apparaissent au cours de la conversation. Bocuse qui était « le patron ». Ducasse s’essaierait bien à cette place mais « Don Ducasse » n’y serait pas encore parvenu. Quant au lac et à la ville d’Annecy, Gautier souligne qu’ils constituent l’une des régions les plus riches de France en matière de gastronomie. Laurent Petit, Yoann Conte, Jean Sulpice, d’autres étoilés…et l’homme au chapeau à deux pas. Peut-être faut-il comme dans le sport ou le spectacle des exemples à suivre. Mais le débat reste ouvert entre classicisme et modernité. Patrons et inventivité.
Cuisiner pour des étoiles ?
Jean Sulpice évoque le passage des inspecteurs. Aucune pression avance-t-il. Il cuisine pour le bonheur de ses clients, pas pour un guide. Mais Gautier, qui a été du Michelin et connaît bien l’affaire, assure que tout chef est mis sous pression par les guides. Il faut être capable de s’en accommoder pour inventer sa propre cuisine. On sent dans les propos de Jean Sulpice un cap, une maturité personnelle qui devrait enrichir sa démarche. Son livre sur le cake en est peut-être une étape qui consiste à donner réellement du plaisir au plus grand nombre.
Lire
L’école a été citée à plusieurs reprises pendant la conversation. Le fait de partir « en apprentissage » quand d’autres continuent vers le bac. S’il y a effectivement des maître en cuisine, la motivation, la volonté, la ténacité indispensables sont affaire personnelle. Pas d’intermédiaire ! Pas davantage qu’il ne devrait y en avoir lors de ces échanges entre auteurs. Privilégier une relation directe entre eux et avec le public. Les journalistes, animateurs, médiateurs, aussi bons soient-ils, ne parlent pas aussi bien de leur travail que les auteurs. Talpa aime rappeler ce dessin de Sempé. Une dame accueille ainsi de jeunes élèves à l’entrée d’un musée. » Je vais vous montrer ce que vous allez voir. » Privilégions les circuits courts, même en lecture et en littérature.
- Alors, cette recette originale? 2) Une recette? Qu’est-ce que je vais pouvoir inventer? 3) J’attends! Pas cap? 4) Une recette, une recette..mouais! 5) Marre d’attendre! Mes recettes, je les fais moi-même! 6) La barbe!
Et…
Et il y avait ce matin, en dédicace… Éric-Emmanuel Schmitt, la tête fidèle à celle de ses photos. L’homme qui distingue « le littéral et le littéraire ». Salutaire ! Isabelle Carré, plus petite en vrai qu’à l’écran. Yann Queféllec égal à lui-même…