L’Italie a la Meloni

L’Italie a la Meloni

29 septembre 2022 Non Par Paul Rassat

La Meloni a obtenu son permis de conduire

Giorgia Meloni se revendique de Mussolini. Il duce. Celui qui, étymologiquement, conduit. Très à droite jusqu’à la collision frontale. Conduire, de ducere en latin. Le petit livre de Gabriel Girard, La justesse de la langue, distingue conduire et mener. On mène par la main des personnes qui ne peuvent aller d’elles-mêmes. On conduit celles qui ne savent pas aller seules. Conduire consisterait donc à accompagner. À ne pas mener par le bout du nez. Distinction subtile mais pertinente. [ Le dessin est de Franz Schimpl]

Nos dirigeants sont des séducteurs

Séduire  vient de la même origine que conduire. Séduire conduit à part, fait quitter le chemin habituel. Certains dirigeants politiques séduisent pour mener par le bout du nez. On les nommait dux chez les Romains. Conducator chez les Roumains, comme Caucescu. Le doge, les ducs sont de la même famille. Famille qui donna führer et caudillo.

Bien se conduire

La religion nous enseigne qu’il faut conduire le troupeau. Le berger conduit les moutons. Le peuple, lui aussi, a besoin d’un berger. C’est que le peuple est un enfant. Comme ces noirs d’autrefois qui passaient leur temps à danser. Irresponsables, va ! Avec le peuple il faut être patient, faire preuve de pédagogie. Il est si naïf. En grande partie illettré. Il ne faut pas être trop subtil avec lui, ni faire preuve de trop d’intelligence. Mais parfois, un bon coup de pied au cul et la marche au pas le remettent dans le droit chemin. Comme en Russie. Et maintenant en Italie.

Système scolaire

Quand le système scolaire ne sera plus système mais uniquement scolaire, nous éviterons peut-être ces situations. En développant la réflexion, l’esprit critique. En adaptant les connaissances aux individus et non l’inverse au nom d’une Histoire et de valeurs construites pour correspondre à un but précis. À une vision a posteriori.

L’Italie a donc la Meloni. Le nez rouge de Berlusconi s’en trouverait presque terni. Le pays se retrouve dans une posture bien cavalière. Bien davantage qu’avec les frasques bunga bunguesques de Silvio. C’est que le «  Cavalière » est maintenant débordé sur son aile droite.

Régler, diriger, conduire

Gabriel Girard écrit «  Celui qui règle ordonne ce qu’il y a à faire : celui qui dirige enseigne ce qu’on doit faire : celui qui conduit montre comment il faut faire. » Il faudrait donc diriger après avoir réellement consulté, puis conduire. Régler serait le plus possible à éviter. En est-on là ?

La France a souvent le melon avec Macron. L’Italie a la Meloni. Bientôt, peut-être, une mélonite.