L’unicité

Voici ce qu’écrit François Cheng « L’unicité transforme chaque être en présence, laquelle, à l’instar d’une fleur ou d’un arbre, n’a de cesse de tendre, dans le temps, vers la plénitude de son éclat singulier, qui est la définition même de la beauté…à première vue, l’univers n’est peuplé que d’un ensemble de figures ; en réalité, il est peuplé d’un ensemble de présences. C’est à cause de cela d’ailleurs que naît chez les humains la possibilité du langage qui nomme toutes choses et qui désigne « je » et « tu ». À partir du langage, l’homme, quand il ne sombre pas dans le mal, entre dans un processus qui l’élève jusqu’à le transfigurer, en affinant l’amour, en enrichissant ses créations. » François Cheng Œil ouvert et cœur battant( Comment envisager et dévisager la beauté).

Transfiguer

« C’est le mariage de ces deux lumières, extérieure et intérieure, conquises de haute lutte, qui donne une authentique valeur à la création artistique dont le propos n’est pas seulement de figurer, mais de transfigurer. En elle, la nécessité et la liberté trouvent leur exact point d’équilibre. »

C’est en se faisant vide, disponible, que  «  L’homme ébloui se transforme alors en célébrant. »

François Cheng d’écrire plus loin « nous devons apprendre à habiter poétiquement la terre… » Inversion des causes et des effets. Le poète n’est pas celui qui compose des vers. Il est celui dont la vie poétique ne lui laisse pas d’autre choix que d’écrire, de chanter, de sécréter de la poésie.    

Nous sommes en perpétuel devenir  

Quant à cette plénitude vers laquelle tendre, elle n’est pas étrangère à ce qu’écrivait Anne Dufourmantelle …. « La douceur est d’abord une intelligence, de celle qui porte la vie, et la sauve et l’accroît……..…Certaines choses sont appelées à se réaliser selon un principe intrinsèque à leur nature. Elles seront dites : en puissance. Elles portent un processus en sommeil dans leur propre devenir. Présentes au plus intime du vivant, elles sont une germination (dynamis en grec) dont le déploiement relève du temps même. »

La plénitude du langage

L’intérieur et l’extérieur rejoignent Tchouang-tseu, le corps et l’esprit, le vide et le plein des céramistes. Le langage vient couronner le tout, sixième sens qui nous définit en nous reliant et en magnifiant l’ensemble, en concourant à créer, pour chacun,  «  la plénitude de son éclat singulier. »