Question

Question

4 février 2024 Non Par Paul Rassat

On ne demande plus, on pose la question de savoir si…Ce qui pose question dont voici l’étymologie :  « Empr. au lat. quaestio « recherche », qui a pris dans la lang. jur. le sens de « enquête, interrogatoire » et spéc. celui de « enquête avec torture ». La demande, elle, est l’ « action de demander ce que l’on veut savoir, question » . Résultat actuel : au lieu de demander, on pose la question de savoir si. La démarche est la même. La différence ? Dans un cas la formulation est directe, dans l’autre elle meuble, elle se gonfle d’importance et se nourrit d’éléments de langage.

Formulation et distanciation

Cette distanciation qu’apporte la formulation correspond à une autre relation avec la réalité. Elle relie en faisant écran, ce truc qui est censé protéger ou sur lequel on projette une image. Cette distanciation linguistique fait écho à la systématisation de la gestion qui prime sur toute forme de réalité. Nos gouvernants sont de plus en plus des personnes de dossiers coupées de la réalité humaine. D’où la différence entre la politique annoncée et la politique ressentie. Elle n’est pas perçue de la même façon à l’hôtel maquignon, dans la galerie des glaces de l’Élysée ou dans la rue. C’est pour cette raison, d’ailleurs, que les élus dénoncent le pouvoir de la rue.

La question c’est quoi ?

Nous vivons un permanent télescopage pluridirectionnel de l’expression d’une pensée volatile liée aux sondages, aux chiffres, aux aléas de l’économie. Parfois la formulation suit les méandres vides des éléments de langage qu’on enfile sans prendre de précaution. Parfois le raccourci d’un «  C’est quoi ? » renforce l’impression de se trouver perdu en rase campagne électorale permanente sans aucun recours aux bigoudis de la rhétorique. Tout ce manège relève de la perturbation politique, langagière et endocrinienne. Oui, les produits chimiques perturbent nos corps, mais oui, les perturbateurs de la langue et de la politique ont eux aussi des conséquences sur notre fonctionnement. Le renouvellement des idées s’en trouverait perturbé.

La marque c’est quoi ?

Il paraît qu’en gagnant les bons offices de Rachida Dati, le président Macron aurait acheté « une marque ». «  La marque c’est quoi ? » peut-on se demander. Il est bon de se poser la question. Non ? Si. Une marque indélébile ?