Salva dort, l’espoir renaît à la Scène Nationale?

Salva dort, l’espoir renaît à la Scène Nationale?

7 avril 2023 Non Par Paul Rassat

Espoir ?

Garcia s’en va. «  Salva s’en va ! » Souhaitons le renouveau de Bonlieu Scène Nationale. Il faut cependant bien admettre que sur les scènes nationales pèse tout l’esprit de la culture nationale. Les contraintes, le cahier des charges, le réseau qui semble parfois davantage un étouffoir qu’une ouverture. La ville sent elle aussi cette emprise qui la marque de son empreinte. Il faudrait aux élus locaux une véritable vision de la culture afin de ne pas subir les scènes nationales comme autant de scènes conjugales sur lesquelles se jouerait le pouvoir

La culture ?

La gestion configure la culture, la cuisine à l’étouffée. Les enjeux de pouvoir finissent de la consumer. Mais à la fin tout le monde veut être sur la photo. Souriez, Salva s’en va. Il est fait citoyen d’honneur de la ville d’Annecy, à l’égal de Gaby Monnet. Celui-ci y est passé, en éclair lumineux. Il a participé à ce grand mouvement d’après-guerre de la décentralisation culturelle qui a re-fondé la culture annécienne et nationale. Il a véritablement donné corps à la culture populaire qui associa dans Les nuits du château de grands noms du théâtre à des dizaines d’inconnus venus de toute la France participer à des créations remarquables. C’était de l’éducation populaire* au sens le plus véritable de l’expression.

Quelle culture ?

Salva s’en va ! Il a passé 26 années à Annecy. Il y a transformé – mais c’est tendance – la culture populaire en défilés, piques – niques. « L’événementiel » a pris le pas sur la culture. Annecy est ainsi devenue ville de l’animation en images (et c’est tant mieux), mais aussi en spectacularisation, en vitrinisation.

« La culture, c’est comme la confiture, moins on en a, plus on l’étale » disait Françoise Sagan. Ah, les bonnes confitures de tonton Garcia qui plus d’un en régala ! Avec une petite touche de politique et de sociétal pour en relever un peu le goût. Tu le sens, le sociétal ? Et puis, Annecy Paysages ! Le parcours artistique dans la ville est terriblement tendance. La ville qui se mire dans l’art exposé, comme elle voit son reflet dans le Thiou, et ce jeu d’images qui se renvoient l’une à l’autre en un narcissisme primaire !

La culture, c’est capital !

Oui, la culture, c’est capital. Un capital qu’il faut, en super gestionnaire, faire prospérer. Annecy est ainsi devenue la première scène nationale de France ! En « chiffres », nombre de spectacles, nombre d’entrées. Malheureusement pris par le temps, SG n’a pu aller jusqu’à la réalisation d’une idée réellement novatrice. Il aurait envisagé de faire installer des capteurs de satisfaction sous l’assise de chaque fauteuil de Bonlieu scène nationale, bien au centre de chacune pour une mesure précise et indiscutable.

Un espoir

Subsiste un espoir fou. Comme Salvador Garcia n’a pas pu volontairement rendre hommage à Gaby Monnet, dont la nouvelle salle de création de Bonlieu Scène Nationale porte tout de même le nom. Comme Salvador Garcia, en fin gestionnaire, n’a pas donné un centime pour l’hommage rendu à Gaby Monnet au château d’ Annecy, il demeure à ce jour une regrettable infortune  culturelle. Peut-être la personne qui lui succèdera à la tête de Bonlieu Scène Nationale aura-telle la délicatesse et l’intelligence de rendre  l’hommage qui revient à Gaby Monnet. Ce serait bien. Gageons que les mêmes qui étaient sur la photo pour le «  Salva s’en va » se presseront pour la photo de l’hommage à Gaby Monnet.

 * « L’éducation populaire est un processus visant à faire évoluer les individus et la société en dehors des cadres d’apprentissage traditionnels. Elle permet aux concitoyens de se forger leur propre opinion sur la société et d’agir de manière individuelle et collective sur le monde qui les entoure. »  (wikipédia)