Slava de Pierre-Henry Gomont

En quatrième de couverture de Slava, on lit « On est des Russes, Nina. On survit. Le trafic coule dans nos veines. Avant, pendant, et après le communisme. »

L’art précède l’Histoire

En avertissement, Pierre-Henry Gomont annonce « Lorsque j’ai commencé à écrire cette histoire…il  n ‘était pas encore question du drame qui se joue en ce moment en Ukraine…Libérée du joug communiste, la Russie est livrée en pâture au capitalisme le plus sauvage. L’idéal égalitaire n’est remplacé par rien…Un peuple ne se réduit pas à son régime. En définitive, le peuple russe n’y est pour rien. Pris dans l’étau stalinien, il a été affamé, brutalisé et réduit à néant. Dans le gant de fer de Poutine, il est muselé, embarqué dans une guerre inepte qui causera, encore une fois, sa perte.

Bien sûr, ce sont les Russes qui ont amené leur dirigeant au pouvoir (quoique, comme l’a dit fameusement Staline, l’important ce n’est pas les votes, mais la façon dont on compte les votes ».)

Les années 90 en Russie, époque charnière

L’album de Pierre-Henry Gomont montre l’ époque charnière des années 90. Elle vit l’explosion d’un système figé. L’État cautionne alors les trafics trafics en tous genres.

Magouilles dans un but honnête ou malhonnête se rejoignent. Celles des ouvriers prêts à tout pour conserver leur travail, celles des équarisseurs d’entreprises qui se nourrissent sur la bête. Se retrouvent presque dans le même bateau ceux qui travaillent et ceux qui profitent. On atteint les limites entre  la morale et l’éthique. Nécessité fait loi. Se heurtent le monde de la campagne et de la démerde d’un côté. Celui de la ville, du luxe démonstratif et du cynisme de l’autre.

Profession de foi d’un pourri : le « cœur » de Slava

Dans cette mouvance permanente de trafics, de pouvoirs en concurrence, les repères changent sans arrêt. Il faut s’adapter en permanence, jouer de la force et de la ruse à tour de rôle. Dans cette société en décomposition, il faut « la résilience d’un cafard, l’amour-propre d’une charogne et la conscience morale d’un tabouret de cuisine. Pierre-Henry Gomont raconte à la perfection les tabourets de cuisine.

PS

Album recommandé par Gaëlle, de BD Fugue Annecy.