Trou

Trou

21 février 2023 Non Par Paul Rassat

Le trou est ambigu. Il paraît que faire son trou signifie réussir. Mais on a peur de tomber dans le trou qu’on creuse et de disparaître comme dans un trou de mémoire. Alors on en rit (jaune) en le transformant en trou de balle. Talpa se penche sur la question du trou.

Creuseur de trous

Qui n’a entendu parler du trou de la sécu? C’est peut-être le plus célèbre. Mais il y en a bien d’autres, dans l’économie, les finances, telle ou telle caisse de telle ou telle entreprise. Les trous prolifèrent comme des champignons dangereux alors qu’on recherche des cèpes. Le pays aurait intérêt à créer un escadron de creuseurs de trous pour que ceux-ci creusent des trous aux dimensions requises et aux endroits désignés, afin d’éviter les débordements et les accidents. Il ne sera d’ailleurs pas interdit d’inventer d’autres trous, dans la mesure où nous saurons les gérer. Créons-les nous-mêmes au lieu d’en subir l’anarchie.

   Cette stratégie nous permettra de mieux savoir où nous allons, et dans quels trous mettre où ne pas mettre les pieds.

On pourra adjoindre aux creuseurs de trous des creuseurs de mares, ce qui évitera de jeter des pavés n’importe où, au risque d’éclabousser pour rien.

Comme un trou

Sa nature

Ce serait comme un trou qui mènerait à un autre trou et ainsi de non suite et au bout d’un moment plus ou moins long, on ne saurait plus quel serait le trou de départ  puisqu’il n’y aurait pas d’arrivée. Ce serait angoissant à cause de l’impossibilité de faire son trou dans ce vide environnant.

   Un trou à l’intérieur d’un autre trou serait-il toujours un trou ? Possèderait-il une identité propre ? Qui se détacherait en creux dans le vide environnant ?

Le Grand Trou

On pourrait presque se demander si LE GRAND TROU ne serait pas constitué d’une infinité de petits trous mitoyens comme le temps est composé d’une infinité d’instants statiques.

Si l’on s’arrête un instant à cette conception du monde, qu’est-ce qui fait que je suis davantage moi que quelqu’un d’autre spatialement, temporellement, biologiquement, spirituellement, fiscalement ? Où est la limite ? Ne suis-je pas un ensemble de moi et d’autres, un ensemble infini ?

Où nous mène le trou ?

Ce n’est pas envisageable me répond le bon sens, car le bon sens est la chose la mieux partagée au monde si bien qu’il y en a une infime parcelle en chacun de nous. Non, ce n’est pas envisageable car alors, pourquoi ne pas accepter les migrants comme moi-même et à quoi serviraient les frontières qui ont coûté tant de guerres et de morts ? À quoi reconnaîtrait-on les ennemis sinon à la possibilité de leur trouer la peau ?

Réfléchir à la notion de trou, un puits sans fond ? Non, grâce aux encouragements philosophiques de Jean-Baptiste Botul cité dans le merveilleux  » Du trou au tout »: «  L’essentiel est de nous débarrasser du principe de non-contradiction, en posant qu’on peut à la fois penser au trou et au non-trou, voire au trou dans le trou. C’est-à-dire au trou percé. »